Même près de 60 ans après l’affaire ou scandale Profumo n’a pas été complètement oubliée. Au moins pour ceux qui en ce début des années soixante, d’affaire de Cuba, peu de temps après le construction du mur de Berlin, les affaires d’espionnage bien tordues avec femme fatale et le roman de Ian Deighton Dossier Ipcress, se passionnaient pour un monde sous-terrain très loin des prouesses de Mister Bond. Avec Une Romance anglaise, Miles Hyman et Jean-Luc Fromental ressuscitent la très ambiguë Christine Keeler maîtresse de Profumo ministre de la guerre, sorte soit-disant de Mata Hari britannique qui allait plus ou moins consciemment semer une panique noire dans le gouvernement Macmillan. A l’origine de tout, un certain Stephen Ward mais que s’est il vraiment passé alors que l’on est en pleine guerre froide et que les occidentaux sont traumatisés aussi par l’affaire Philby ? Sexe ou espionnage ?
Fin juillet 1963, Stephen Ward sort du tribunal. Il est l’une des clés de l’affaire Profumo, a été le Machiavel de faits qui l’ont sûrement dépassés. Il a décidé de raconter tout depuis le début, lui le chiropracteur et artiste célèbre introduit dans la haute société londonienne. On lui a présenté Ivanov attaché naval soviétique. Stephen ne serait pas contre de faire le portrait de Khrouchtchev mais il lui faut une introduction. Sans le savoir il est piégé et devient ami avec le russe. Chez lui, il vit avec Christine Keeler, danseuse et call girl rencontrée à la fin des années 50. Il l’a séduite au moins intellectuellement. Ward lui propose de vivre ensemble en tout bien tout honneur. Il est son Pygmalion tout en la mêlant à des rencontres aussi bien sexuelles que politiques. Mais les renseignements britanniques s’en mème, mette Ward sous surveillance et le préviennent qu’il va falloir coopérer.
Une manipulation haut de gamme, en finesse mais pas en douceur car Ward sera lâché, se plantera. Christine, Profumo, Ivanov, des truands dangereux, tous les éléments sont là pour que cela dérape mais pas par hasard. Espion lève toi ou relations immorales ? Le dessin de Miles Hyman est toujours aussi redoutable, sophistiqué. On a cru reconnaître un clone de Michael Caine. La prude Albion allait se libérer au même moment de ses carcans moraux. L’un explique peut-être l’autre sans qu’on sache si il y a eu vraiment espionnage ou pas. Ward, victime expiatoire, en tirera les conséquences plus ou moins forcé. Un album fort à la narration parfaite.
Une Romance anglaise, Aire Libre Dupuis, 23 €
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