C’est vrai, nous on mange bien les grenouilles et les escargots comme le rappelle Keum Suk Gendry-Kim auteur aussi de l’Attente. Keum est Coréen, un pays où on mange des chiens (au Vietnam aussi d’ailleurs, vérifié). Sauf qu’en Corée on aime également le chien mais pas qu’en sauce, en animal de compagnie. Une tendance qui joue même un rôle dans la politique locale. La Saison des pluies, c’est une histoire de chiens, d’affections, à petite vitesse mais qui se laisse lire comme un très bon roman de mœurs. Keum Suk signe scénario et dessin, celui de Carotte et de Patate qui ont échappé à un destin d’hamburger ou de viande médicinale. Pour le plus grand bonheur de leurs maîtres.

Chez le vétérinaire on ne rigole pas avec le bien-être du toutou. On ne se presse pas en Corée. Ce sera Carotte le nom du chiot adopté parce qu’il y en avait un chez la grand-mère de Hoon. Yuna son épouse n’était pas très partante. Carotte mange comme trois. C’est un Corgi mâle rigolo qui a aussi le coup de dent facile. Yuna a des regrets car Carotte est né dans une usine à chiots amis très vite il devient son meilleur ami. Balade sous la neige, copains au parc. Carotte est stérilisé et la petite famille part de Séoul pour la campagne près de la mer. Jardinage et bains à la plage, la vie du couple est sereine malgré un conflit de voisinage. Quand arrivent Chouquette 1, 2 et 3, une portée abandonnée. Qui disparait très vite.

Patate sera le second chien de la famille. Il débarque dans un carton devant la porte. L’histoire recommence en fait et on est attendri, intéressé par cette chronique aussi bien canine que socio-politique. Le chien joue un rôle précis dans la civilisation coréenne, en Asie en général. Viande sur pied ou maltraitée, ou adulée, au choix. Le roman graphique de plus de 200 pages se lit d’une traite, le dessin, la mise en page sont légers, séduisants, élégants. Il serait dommage de passer à côté de cette aventure certes simple mais pleine de vie. Avec photos couleur des canins en fin de bouquin.

La Saison des pluies, Futuropolis, 26 €