Espion lève-toi, enfin si c’est le cas. Sophia est ses parents n’arrête pas de déménager, ce qui finalement ado finit par l’interpeller. Ils passent d’un pays à l’autre et se taisent. Papa, maman ont le même job, motus et bouche cousu. Passeport est signé, dessiné par une Américaine, Sophia Glock qui trace une biographie dont elle explique en postface les raisons, les tenants et les aboutissants. Dès le départ, au fil des pages, 312 au total, on se doute bien qu’il y a un loup dans la bergerie. Ce qui pourrait devenir ennuyeux est en fait une chronique d’adolescence hors normes dans un pays d’Amérique du Sud avec des parents rattachées on présume à l’ambassade US. On remarquera quand même que la mère de Sophia est peu subtile à moins que ce soit sa formation d’agent de renseignement qui ressorte. Une famille qui vit sous le coup du secret, sur le fil tout le temps. De quoi effectivement avoir besoin d’écrire un roman graphique en forme de thérapie.
Pourquoi elle déménage tout le temps Sophia ? Impossible de répondre. Elle est née aux USA, part pour l’Amérique Latine. Ses parents ont été mutés, un mot bizarre. Il faut poser des questions selon sa mère pour se faire des amis et si possible ne pas répondre à celles qu’on vous pose. De quoi psychoter un peu surtout que dire qu’elle est américaine peut être dangereux. Devenue ado, elle pense que c’est sa sœur la beauté. Sophia se contente d’être grande. Sa sœur part en fac aux USA. Sophia a collectionné les pays, six, les uniformes des collèges, des meilleures amies qui changent tout le temps. Elle a trois frères et des parents qu’elle imagine en imperméable et chapeau mou. Aucune indépendance, des agents de sécurité, en immersion complète avec obligation d’apprendre l’Espagnol. Impossible, elle change d’école, passe dans un établissement pour Américains.
On aurait pu avoir du mal à s’embarquer avec Sofia et en fait pas du tout. Son quotidien sur fond de mystère et de doute est prenant. Il y a aussi sa vie de jeune ado, son évolution, ses sentiments, ses amours. Elle a obtenu l’autorisation du Comité de publication de la CIA. Difficile car il faut protéger veux qui encore des secrets. Car oui les parents de Sofia, ils le lui disent sont à la CIA. En famille car il n’y a pas que des OSS 1117. Il y a aussi des Américains ou des Français bien tranquilles en poste à l’étranger. On comprendra que pour une jeune fille comme Sophia Glock cette vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Son témoignage n’en est que plus bouleversant et authentique.
Passeport, Casterman, 24 €
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