Un retour vers un roman graphique déjà un peu ancien mais qui vaut qu’on y revienne. Le Rite d’Amaury Bündgen est une belle surprise qui mérite qu’on s’y plonge pour découvrir comment un homme seul peut abattre un tyran qui a décimé son peuple. Kéva est un petit royaume pacifique qui a pour seule richesse l’eau, un fleuve qui alimente les autres royaumes. Un bien que les Kévarks vont payer très cher mais qui sera aussi le levier de leur vengeance. Le graphisme est de qualité, riche et suggestif, très prenant, en noir et blanc.
Il marche dans les montagnes, évite des sentinelles, se glisse jusqu’au lac Miroir où ses invocations retentissent. Il peut alors marcher sur l’eau et se mettre en position de yoga face à un campement militaire. A l’aube les Haïmars le découvre et savent que c’est un Kévark, rare survivant témoin de sa culture d’un peuple qu’ils ont massacré, violé les femmes avant de les tuer. Dans la forêt, un curieux bipède, un Rouffle, Hardelin, suit son maître un centaure guerrier Scorne aux multiples poignards.Il faut en tirer une au hasard car il doit accomplir une mission, une proie à achever. Mais ils tombent sur une biche dont les yeux ont été prélevés. Au bord du lac dans lequel aucun soldat n’a le droit de se baigner, le commandant sait que c’est un endroit sacré pour les Kévark et hanté.
Magie, politique, David et Goliath revisité avec malédiction à l’appui, Amaury Bündgen signe une œuvre puissante et montre un vrai talent. On est touché par le destin de ce Kévark, ainsi que par ce Scorne aux pattes d’éléphants. On pourrait presque penser au Chninkel de Rosinski et Van Hamme. Ce qui est un compliment. Plein de trouvailles scénaristiques qui accompagnent un récit de plus de 100 pages sans le moindre ennui. Bien au contraire, pris par la fermeté et l’expression du trait.
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