C’est, en partie, la date qui suscite ces parutions nombreuses sur la Résistance et la seconde guerre mondiale. 70 ans en effet depuis le 8 mai 1945 et la fin du conflit. Avec l’Île des Justes on va en Corse, terre de Résistance depuis toujours que ce soit en 1943 ou avant, voire après. Les Corses ont particulièrement mal vécu l’Occupation, Vichy, et ont été des Résistants de choc jusqu’à la Libération de l’île en septembre-octobre 1943, premier territoire métropolitain a être repris aux Italiens et aux Allemands. L’ouvrage de Espé au dessin et Stéphane Piatzszek au scénario est un hommage mérité en forme de drame humain et sentimental.
Quand on est Juif en 1942 à Marseille la seule solution pour éviter les rafles commises par la Police française est de fuir. C’est ce que veut faire la famille Cohen. Direction la Palestine en passant par la Corse si ils y arrivent. Sur les quais à Marseille, la nuit de leur fuite, le père Henri protège sa femme Suzanne et son fils Sacha en détournant l’attention des policiers. Suzanne et Sacha auront toutes les difficultés possibles à leur arrivée en Corse. Arrêtée Suzanne est libérée par le nouveau préfet de Bastia, Étienne Balandier, qui oscille entre légalisme envers Vichy et son refus d’obéir aux ordres en ce qui concerne le recensement des Juifs réfugiés en Corse. Mais le patron local de la police, Rossi, est un fasciste et un antisémite convaincu. Toute la population du village, Canari, où Suzanne et Sacha sont réfugiés vont se liguer pour les protéger malgré un traître qui le payera cher.
Sur un dessin réaliste et soutenu de Espé, une histoire dans la Grande Histoire, poignante et émouvante, triste et exemple de ce courage qui semblait ordinaire à ces Résistants et à ces Justes quand ils protégeaient les victimes de l’Allemagne nazie et de la France de Vichy, de ces mêmes policiers qui seront fort peu inquiétés à la Libération malgré leurs actes. La Corse a toujours eu le sens de l’honneur, parfois exacerbé. Pour cette période la Corse a été un exemple qui méritait d’être rappelé en ce 70e anniversaire.
L’Île des Justes, Corse, été 42, Glénat, 18,50 €
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