Une boulangerie, un petit village, l’Occupation, la Résistance, c’est le décor de la scène du théâtre sur lequel va évoluer Au Nom du pain . On pense Au Bon beurre de Jean Dutourd où la farine aurait remplacé la crème fraiche, à Mon Village à l’heure allemande de Bory. Une histoire à la recette bien dosée par Steven Lejeune (Le Frère de Göring) au scénario et très agréablement dessinée par Jean-Charles Gaudin (Le Fantôme de l’Opéra) qui, une fois de plus et tant mieux, rappelle qu’un aliment simple fait de farine de blé peut devenir un enjeu sur bien des plans. L’actualité nous le répète à nouveau.
Une dégustation d’un bon pain croustillant qui va mal tourner au moins pour l’amateur de noir vêtu qui apprécie la tartine. Mais pourquoi ? il va falloir remonter le temps, celui où la famille Martineau installe sa boulangerie à Saint-Jean. Il y en a déjà une, les Durand. Mais Martineau femme et enfants, Marcelin et Monique, emporte l’adhésion de la population. Leur pain est le meilleur et le succès est là. Les réfugiés de la déroute de 1940 vont suivre avec les Allemands aussi. La Résistance se met en place mais à Saint-Jean le patron est un officier SS et les dénonciations vont vite. Mais le SS aime le pain des Martineau car le mari lui est quelque part en France ou en Allemagne.
La montée en puissance du scénario est parfaitement réglée, avec tous les ingrédients originaux, bien cuite. Les héros sont à leur place et le drame peut se mettre en place, surprendre, séduire. On le voit par l’image, le texte le travail de documentation. Pas la peine d’en dire plus sur ce que sera la Résistance que ce soit des Martineau, Marguerite l’épouse en tête, ni l’ambiguïté du SS, ni la jalousie. Les décors sont parfaits comme les couleurs de Burgalozzi Cabrera. Il y aura deux cycles de deux albums pour cette saga qui n’est pas non plus sans rappeler, et c’est un compliment, Il était une fois en France.
Au Nom du Pain, Tome 1, Pain-noir (1939-1944), Glénat, 14,95 €
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