Angoulême approche et bien sûr la nomination du futur Grand Prix aussi. Depuis 2014, le Grand Prix du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême est attribué à la suite d’un vote de la communauté des autrices et auteurs professionnels de bande dessinée. Les trois artistes arrivées en tête des suffrages exprimés sont Pénélope Bagieu, Julie Doucet et Catherine Meurisse. Le Grand Prix 2022 sera annoncé le 16 mars prochain.
Le premier temps de la désignation du Grand Prix 2022 s’est déroulé du 21 février au 27 février, vient de se clore Et donc, les trois artistes arrivées en tête des suffrages exprimés sont Pénélope Bagieu, Julie Doucet et Catherine Meurisse. C’est une première que ce soit un trio nommé, dans l’histoire du Grand Prix du Festival, exclusivement composé d’autrices. Le deuxième tour (du 2 au 8 mars), va maintenant inviter ce même collège d’autrices et auteurs à élire la lauréate parmi ces trois nominées. À l’issue de l’ensemble de ce processus électoral – entièrement réalisé sous contrôle d’huissier – le nom du Grand Prix 2022 sera annoncé le 16 mars prochain.
Voici les biographies communiquées par le Festival :
Pénélope Bagieu naît en 1982, à Paris. Après des études aux Arts déco de Paris, puis à la Central Saint Martins de Londres, elle crée en 2007 Ma vie est tout à fait fascinante, un blog dessiné où elle expose la vie quotidienne d’une jeune parisienne avec un humour et une grâce qui font mouche. Le succès se prolonge rapidement en librairie. Elle imagine les aventures de Joséphine, dessine pour la presse et la publicité. Elle signe un premier long récit avec Cadavre exquis, en 2010, puis une première biographie avec California Dreamin’ (Harvey Award 2018). Puis Stars of the Stars avec Sfar En 2016, la dimension féministe de son travail prend une nouvelle ampleur avec la publication de portraits de femmes sous le titre Culottées. Le succès est retentissant. Traduits en 20 langues et couronnés d’un Eisner Award en 2019, les deux volumes de Culottées sont aussi adaptés en version animée par France Télévisions. En 2020, l’autrice signe pour la première fois une bande dessinée pour les enfants en adaptant avec brio le roman de Roald Dahl, Sacrées Sorcières et s’attaque en 2022 à une première autobiographie avec Les Strates.
Julie Doucet, née en 1965 à Montréal, est l’une des autrices de bande dessinée les plus importantes de la fin du siècle dernier. Après avoir étudié les arts plastiques au Cégep du Vieux Montréal au début des années 1980, elle s’inscrit à l’Université du Québec à Montréal, où elle complète un certificat en arts d’impression. Au cours de ses études, elle découvre la bande dessinée et commence à publier un fanzine photocopié : Dirty plotte, dans lequel elle documente en français et en anglais sa vie quotidienne, ses rêves, ses angoisses. Le titre est repris en 1991 par l’éditeur Drawn & Quarterly à Montréal qui les publie. Après avoir vécu à New-York, Seattle et Berlin, Julie Doucet est retournée à Montréal où elle vit et travaille, opérant désormais dans un champ plus proche des arts graphiques (collage, poésie, roman-photo). Ses travaux, qu’elle édite en tirage limité en sérigraphie, sont parfois publiés par Drawn & Quarterly. L’essayiste Anne-Elizabeth Moore a publié en 2018 une étude sur l’œuvre de Julie Doucet (Sweet Little Cunt: The Graphic Work of Julie Doucet), qu’elle perçoit comme précurseur d’un nouveau féminisme en bande dessinée.
Catherine Meurisse est née en 1980. Après un cursus de lettres modernes, elle fait ses études à l’école Estienne puis à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs à Paris. Dessinatrice, autrice, caricaturiste, reporter et illustratrice d’albums pour la jeunesse, Catherine Meurisse est une artiste prolixe. Aiguisant son regard et son trait pendant quinze ans dans de nombreux titres de presse (Le Monde, Libération, Les Échos, L’Obs…) et plus particulièrement à Charlie Hebdo, elle réalise des bandes dessinées où l’esprit de sérieux n’a pas sa place. Après Mes Hommes de lettres, Le Pont des arts (Sarbacane), Moderne Olympia (Futuropolis) et Drôles de femmes (Dargaud, avec Julie Birmant), elle publie en 2016 La Légèreté, récit bouleversant de son retour à la vie, au dessin et à la mémoire, après l’attentat contre Charlie Hebdo auquel elle a échappé. Après l’effronté Scènes de la vie hormonale paraît Les Grands Espaces (Dargaud), évocation de son enfance à la campagne, où se mêlent souvenirs savoureux et conscience esthétique et politique du paysage rural. En 2019, elle publie Delacroix, adaptation graphique toute personnelle des mémoires d’Alexandre Dumas, grand ami du peintre Eugène Delacroix. Son nouvel album, La Jeune Femme et la Mer interroge la place de l’Homme dans la nature et le recours à l’art pour saisir les paysages qui disparaissent. En 2020, année où une grande rétrospective lui est consacrée à la BPI du Centre Pompidou, Catherine Meurisse devient la première autrice de bande dessinée membre de l’Académie des beaux-arts.
Le problème, c’est qu’aucune de ces sympathiques autrices n’a fait de grand livre susceptible de donner une valeur à ce titre de Grand Prix. Se retrouver dans cette situation pour des raisons de rattrapage (rappelons-nous le scandale 2016 avec la liste de 30 noms et aucune femme) n’est pas faire honneur à ces autrices, c’est même condescendant je trouve.