Un magnat obsédé par le building qu’il a fait construire par plusieurs architectes n’est pas satisfait. Il lui manque quelque chose ,mais quoi. Pour l’Empire Falls Building (un jeu de mot sur l’Empire State, falls signifiant chutes), Vassilian veut un œil neuf, un talent prometteur, Edgar Whitman. Mais cette partie à trois bandes, voire quatre, ne sera pas de tout repos, absente de compassion, un déluge de considérations qui vont mettre le jeune architecte au pied des murs de ce building qui a presque pris vie. Un combat permanent dont l’issue sera pour le moins inattendue. Jean- Christophe Deveney en est le scénariste, on peut le dire, très inspiré et Tommy Redolfi est au dessin comme aux couleurs. Un de ces rares ouvrages qui tout en sortant de l’ordinaire ont un véritable pouvoir de séduction transmis par cet Empire Falls Building écrasant et solitaire.
Il est doué le petit Edgar Whitman et reçoit son prix universitaire d’architecture à Philadelphie. Un modeste le garçon à qui une femme, épouse d’un milliardaire Vassilian vient lui proposer de rencontrer son mari. Il eut lui confier d’achever l’Empire Falls Building, son hôtel à New-York. Il doute mais comme « douter c’est un signe d’intelligence » lui confie Madame Vassilian, il accepte. Reçu par le régisseur Nadji Atum, il est déjà mis dans le bain du bizarre car Vassilian est absent. Le hall du building repose sur l’arbre des origines signé par un premier architecte. Il rappelle qu’on bâtit toujours sur des ruines. Edgar a une clé qui lui permet d’aller où il veut dans l’hôtel. Mais que reste-t-il à construire, l’hôtel semble parfait.
Des plans sur papier calque qui s’intercalent avec les pages, une quête douloureuse psychologiquement qui va aller en s’accentuant, les refus et le mépris de Vassilian pour mieux pousser Edgar dans ses retranchements et l’obliger à se dépasser, il y aura aussi la muse. Mais ne vaut-il pas mieux ne pas en dire plus ? On est sous le charme comme Edgar en fait dans cet hôtel, auberge espagnole architecturale où chaque architecte a superposé son travail à celui des autres. Qui en fera la synthèse avec la touche finale unificatrice et géniale ? Une sorte de polar où on cherche la solution d’une énigme finement élaborée, un dépassement individuel et une passion unique qui aura ses rebondissements dramatiques. Le dessin, les tons des couleurs font partager à merveille à la fois l’angoisse et l’ambiguïté bien tournée du récit.
Empire Falls Building, Noctambule Soleil, 24,90 €
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