Un album qui mérite qu’on en parle. Deux pitchouns dans l’enfer de Verdun raconte évidemment comment deux gamins se retrouvent dans les tranchées au moment même, en 1917, où à cause du nombre de morts impressionnant, on avance le recrutement des plus jeunes. Marc-Antoine Deroubaix et Régis Hector au dessin ont signé un album de moyen format en noir et blanc qui fait aussi acte de mémoire tout en tentant de désamorcer le drame de la situation. Mais jusqu’à quand ? Un dessin qui a des influences certaines mais tient bien le front.
Gaspard en 1916 remplace son père facteur dans un petit village du Midi. Des lettres qui viennent souvent des hommes sous l’uniforme et qui raconte des choses terribles. Son copain Jean l’accompagne pour l’apéro au moment même où une affiche est collée par le maire et le père de Gaspard. Le tocsin sonne et on découvre que les jeunes de la classe 1917 partent au front par anticipation. Gaspard voudrait refuser mais il part avec Jean bien décidé à se tirer dès que possible du conflit. Sous le feu ennemi, dans les tranchées, ils sont accueillis par le lieutenant Cassebeck. Pantalon rouge de récupération, casque et fusil, les deux bleus vont vite comprendre que c’est leur vie qui est en jeu. Nommés estafettes, normal pour un facteur, ils découvrent aussi les pigeons voyageurs et vont un peu se prendre les pieds dans le tapis.
On oscille entre humour grinçant et réalité des tranchées, de la mort qui rode. Il y a Commercy en base arrière, la vie au quotidien, les officiers qui ne lésinent pas sur les hommes à envoyer au casse-pipe. Il va y avoir quelques surprises car, une fois encore, les auteurs ont su jouer avec l’humour tout en conservant la grande gravité du sujet. La suite vaut vraiment le détour car sur un dessin assez classique mais affirmé dans le genre, on suit bien le tracé de ces deux gamins. Jusqu’au bout.
Deux pitchouns dans l’enfer de Verdun, Éditions OREP, 15 €
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