Il n’a pas pris une ride Blacksad, pas comme certains de ses lecteurs qui auront attendu huit ans avant de le revoir dans la jungle de la grande ville pour une nouvelle enquête. On le pardonne car ce retour est un plaisir motivé par des retrouvailles avec l’un des plus atypiques, meilleurs héros de BD et par une aventure dans laquelle Juanjo Guarnido et Juan Diaz Canales ont mis, on le voit immédiatement, tout leur talent. Alors, tout tombe, titre de l’épisode, va se faire s’affronter deux visions de la vie urbaine, architecturale et humaine pour un combat sans pitié. Un sujet finalement assez d’actualité si l’on se réfère par exemple à certaines prises de positions politiques. Un dessin, des ambiances, des décors, des personnages à rester ébahi de bonheur. En 2013, lors de notre dernière rencontre pour Amarillo, Guarnido nous avait déjà parlé d’un projet de polar urbain en deux tomes.
Un Central Park où une troupe joue Shakespeare devant un public enchanté dont Blacksad et son copain Weekly, le journaliste. Mais la police veut faire évacuer pour pelouse abimée. Ce qui n’est pas de l’avis de la directrice de la troupe, Iris Allen. Blacksad s’interpose et la pièce peut finir. Il lui laisse sa carte au cas où, car elle est arrêtée. En rentrant Blacksad s’interpose pour défendre un type maigrichon contre trois malfaisants. Et une fois débarrassé, le type lui tend la carte qu’il avait donnée à Iris. Kenneth Clarke est le président du syndicat des travailleurs du métro creusé en permanence sous la ville, les taupes. Mais un certain Solomon a d’autres projets urbanistiques, des autoroutes, des tunnels plein la ville et fini les transports en commun. En prime le syndicat des belettes veut prendre la main sur celui des taupes, le seul qui lui échappe. Blacksad accepte l’affaire car des tueurs sont aux trousses de Clarke.
Du polar comme on aime, années cinquante, style Plus dure sera la chute ou La Femme à abattre, avec un Blacksad-Bogart. Des personnages qui débarquent comme une apprentie journaliste Rachel, des vues plongeantes sur le pont de Brooklyn, un Solomon grandiose dans sa fureur de construire un empire et un Weekly qui se mettra dans les ennuis, mortels. Et puis il y a tous les autres, les décors, un faux New York plus vrai que nature, encore plus marqué. Des politiques véreux, Blacksad va faire le ménage et aura des surprises. Un grand bravo, Guarnido (ah, les couleurs) et Canales ont signé un des très rares albums indispensables de cette rentrée et plus loin encore. A lire et relire dans la foulée pour le fun.
Blacksad, Tome 6, Alors, tout tombe, Première partie, Dargaud, 15 €
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