On l’a attendu comme l’enfant prodigue qui se devait d’être aussi un prodige. Que Corto Maltese soit dessiné par Bastien Vivès, scénarisé par Martin Quenehen relevait à la fois du défi, de l’envie, du talent, d’un choix pas si neutre mais surtout de la prise de risque à assumer en cas de rupture de la corde de rappel. On ne touche pas impunément pour la première fois aux idoles, aux symboles très affirmés sur tous les plans dont une sensualité à fleur de peau. Océan Noir, titre de cet épisode qui, en plus, s’offre le contexte d’un 11 septembre 2001 dont on commémore les vingt ans, va-t-il révolutionner l’avenir de Corto, remettre peut-être des pendules à l’heure, ouvrir des portes au héros de Pratt modernisé qui avait assez sagement repris du service avec Pellejero et Canales ? Plus que tout critique qui a pour Bastien Vivès une authentique admiration (Corto en rajoute une couche évidente), c’est le lecteur qui va juger mais on peut dire d’ors et déjà que cet Océan Noir va s’inscrire dans les grands moments très particuliers d’un 9e art qui se révolutionne pour l’occasion.
Abordage, piratage, cadavres, Corto bien qu’impliqué sauve un survivant terrifié qui serre contre lui un livre mystérieux. Il dit garder un trésor. Pas content Corto qui ne tue pas pour de l’argent d’avoir été piégé. Direction le Japon où l’homme veut revoir sa fille pour une dernière fois. Le trésor fondateur du Japon est le thème de la pièce à laquelle ils assistent quand un samouraï masqué saute de la scène et blesse à mort le protégé de Corto. Il n’a le temps que de dire Callahuaya. Le livre est le commentaire royal des Incas que Corto récupère et semble intéresser les services secrets locaux. Le mort était le docteur Fukuda, un fasciste affilié à Océan Noir, une secte nationaliste.
Corto Maltese a de la gueule, un brin juvénile même si désabusé, la cigarette aux lèvres, dans des décors plus accentués que ceux que l’on connait de Vivès. Le trait est une réussite évidente, le scénario a su garder le ton Pratt dans ses formules tout en jouant la carte d’un thriller nerveux et efficace, bien découpé, sans dérapages existentiels. Les personnages sont des portraits ciselés et Raspoutine égal, par contre, à lui-même. Il faut bien garder des repères pour ne pas se perdre, ce qui n’est nullement le cas tout au long des pages. Et il y a les femmes qui tissent leur trame, ont les premiers rôles, brûlant presque la politesse à Corto. Bon, on conclue. Bastien Vivès a vu son Corto et l’a non pas réinventé mais sublimé. Idem pour Quenehen dont l’histoire est tributaire quoiqu’il en soit du talent de Vivès. Avec la complicité à ne pas oublier de Patrizia Zanotti et de Benoît Mouchart.
Corto Maltese, Océan noir, Casterman, 22 €
Il faut avoir goûté à d’autres choses que du jeu vidéo et des collections de figurines pour savoir incarner corto maltese et raspoutine. Il faut avoir lu aussi autre chose que des manga . Plus Rien de solaire dans ce dessin mou et désincarné et rien que des poncifs dans le scénario. Quel beau ratage. Pardon Pratt , ils ont cassé ton plus beau jouet. Dommage.
Ben moi j’ai la cinquantaine bien passée et je lis encore des manga et je joue à fortnite. J’ai vécu Corto quand j’étais au lycée . Et j ai bcp aimé ce jeune corto des années 2000 où on pouvait encore voyager et rêver d’aventure . Ce qui est encore vrai aujourd’hui avec cette audacieuse bd qui m a remis dans le sillage de l’aventure au fil des rencontres et des la Première Planche .Bravo !
non non et non . Je suis peut etre old school mais non !les dessins sont plutot ok et agréables et ça aurait pu ….mais le personnage et histoire non pour moi ! Pratt avait l’art des femmes avec sa relation à Corto , là c’est brut et sans équivoque. Pourquoi se détacher du personnage et l’identite de Corto ? ne l’appelons pas Corto dans ce cas. Qu’est ce qui justifierait de garder le nom du héros en changeant la vision de son créateur ?Pourquoi pas changer le personnage de Tintin tant qu’à faire ? je préfère largement l’approche de Juan Diez canales respectant la veine et essence de Corto ( même si je n’en suis pas plus fan que cela)
Bastien Vives est le dessinateur du vide sidéral.
Pas que son dessin soit désagréable en soi mais il s’en dégage toujours un immense vide que peinent à combler les aplats de gris.
La différence entre Pratt et Vives, c’est que lorsque Pratt trace un trait horizontal sur toute la longueur horizontale d’une feuille au format paysage, on voit la mer alors qu’avec Vives on ne voit qu’un trait. Donc déjà ça partait très mal pour s’approprier Pratt et surtout Corto Maltese.
Mais de surcroît, le réinventer en quelque sorte en version moderne (ce qui pourrait être un concept intéressant en soi), là on passe totalement à côté de la plaque car l’essence de fond n’y est plus.
Cette BD passerait mieux avec d’autres noms que ceux de Pratt pour les personnages tout en gardant une similitude de faciès. Une sorte de pastiche.
Quant à l’histoire elle-même, ouais, bof, à peine de quoi occuper un estivant un jour de pluie.
D’une déception sans nom….. scénario et dessins d’une platitude totale, Corto, c’est l’évasion par des lieux, une magie, mais surtout une époque….Là, une espèce de manga qui ne sort pas du lot , Hugo, réveil toi, ils font n’importe quoi !