Un couple de scénaristes qui cherche à faire un fil sur le confinement, unique, intime, épique, va devoir faire face au monde anarchique du cinéma français. Animal Social Club est à la fois un pamphlet, une aventure qui égratigne, fonce dans le tas et envoie des signaux sous forme de caricature tout en donnant une vision authentique du milieu du cinéma un peu à la Dix pour cent. On voit passer quelques fantômes du septième art sous la plume et le pinceau acérée de Hervé Bourhis (Le Labo) A bien décortiquer, plein d’humour mélangé à une bonne dose de vitriol méritée. Un petit bijou superbement conçu qui fait du bien et avec une fin parfaite dans ce monde de pseudos infos sur réseaux sociaux.
Thomas (qui ressemble à Jean-Pierre Léaud) et Karine arpentent les régions pour obtenir des subventions. Sinon pas de sous des banques pour faire le film ultime sur le confinement, choral (adjectif branchouille insupportable), un Blockbuster d’auteur. Mais qui prendre comme réalisateur, acteur principal, casting à monter dans un univers où tout est tordu. Le couple bat en plus de l’aile mais se mer en chasse, trouve un clone de Godard qui exige que le célèbre Jackie ait le premier rôle. Sinon, non. Chasse aux techniciens, mensonges, compromis, plus dure sera la chute encore qu’avec le cinéma l’impossible soit un gage de réussite.
On comprend bien qu cette palette qui va faire des images animées sort tout droit, avec retouches d’une réalité bien observée. On croirait même voir Deneuve, Rochefort. A Cannes on monte les marches, on soigne la critique et François Chalais ressuscite. Ce qui ne rajeunit personne. Nouvelles tendances, le cinéma est en évolution permanente. Avec Bourhis le cinéma fait son cinéma.
Animal Social Club, Dargaud, 19,99 €
J’ai ri à chaque image, et je pense que le dessinateur a dû en faire autant. Tous les personnages sont difformes et pourtant, quelle unité dans l’ensemble de cette BD. Toute une histoire, des échanges surréalistes, des lieux aussi horribles que fascinants. J’en redemande. C’est fou à lier.