Antonin Gallo s’est lancé dans une étonnante aventure. Son État des lieux avait quitté depuis longtemps les rayonnages des libraires. C’était son premier livre et il a décidé, pour le rééditer, de le repatiner, l’ajuster, de le refaire totalement. Comme dit dans sa préface Jim avec lequel, on le sait, Gallo a travaillé c’était un pari insensé. Un premier livre est toujours un exploit (c’est vrai !). Escalader à nouveau cet Everest est une exception mythique. Gallo l’a fait et on le suit ado, amoureux de celle dont le fantasme charnel ne va pas le quitter. Gallo revenait sur les lieux, le lycée, où il n’avait pas su dire à une jeune fille ses sentiments. Étonnant voyage autobiographique très réussi mais qui, si on y regarde bien, est beaucoup plus universel qu’on n’y pense.
Des photos de classe, un site d’anciens élèves, le déclic se fait sur une attitude et pas un visage. Aller rebâtir ses souvenirs, Antonin repart dans son lycée où il va pénétrer. Il y a passé trois ans en pensionnat. Et quand il jouait au rugby, cheveux longs et idées courtes, il se faisait laminer. Mais il y avait Julie son acte manqué. Premier contact, un joint partagé. Mais Antonin loupe le train qui aurait pu les rapprocher, un geste, un « mmm ». Question : aurait-il pu mieux faire ? Son double le lui demande. Julie va hanter les lieux de son petit théâtre, de la pièce qu’il se joue. Antonin a déjà le bac, un S, et veut un littéraire pour intégrer les Beaux-Arts. Un cas. Pas un redoublant, non, un bachelier un brin maso à plus d’un titre.
Un très beau voyage, un retour aux sources pour voir si on aurait pu changer la donne. Celle de l’occasion manquée. La petite Julie va les mettre en concurrence, Galllo un et Gallo deux. L’écriture est émouvante, romanesque et sensuelle, à la fois réaliste et sublimée. Alors quelle sera la fin ? Antonin Gallo était au dernier festival de Sainte-Enimie. Son dessin est une belle bouffée de bonheur avec une Julie qui marque sans le savoir le tempo.
État des lieux, Auto-édité, 20 €
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