C’est la vraie vision de la Résistance en France pendant la guerre, souvent partie de rien, d’un appel du 18 juin, d’un sentiment ancré que la défaite n’en était pas une, qu’il fallait se battre, avec des moyens souvent dérisoires, risquer sa vie dans les villes pour un tract au sein d’un réseau qui ne résistera pas à la torture, dans les bois avec un fusil de chasse face à une Wehrmacht, des SS puis des Miliciens français impitoyables. Le Merlu, c’est tout ça, on l’avait dit pour le tome 1 et le 2 ne s’éloigne pas de ce choix certes ambitieux car difficile mais si bien restitué. On n’y parle pas des FFI de la dernière heure. On y parle de ces gosses, ou de ces anciens militaires qui vont les encadrer très tôt, de toute une (petite) partie de la population française qui ira au bout de ses idées, de son courage et rejoindra un général qui sera la France, la seule digne et honorable. Thierry Dubois et Jérôme Phalippou sont au mieux de ce que l’on pouvait faire en la matière et leur série mérite d’être conseillée, lue par tous, proposée aux plus jeunes pour surtout ne pas oublier.
Décembre 1941, les Américains rentrent en guerre. Jean-Claude, prêt à toutes les pires facettes de la collaboration rentre chez lui. Marie-Jeanne l’y attend avec son bébé. Elle part voir son père Leduc qui tient un garage et ne sait pas ce qu’est devenu Georges qui aurait été tué par les Allemands. La nuit non loin de là, un groupe d’hommes armés montent dans un camion. Il y a le Merlu à bord et ils viennent de saboter une voie ferrée où un train de soldats allemands déraille. Au camp, Rotor, ancien militaire, les attend. Chez Leduc on dine en famille avec Marie-Jeanne, le bébé et Jean-Claude qui se dit prêt à aller se battre contre les bolchéviques avec les Allemands. Au maquis on attend avec impatience que les Anglais parachutent des armes.
Un récit très authentique, précis avec tous les impondérables pour des femmes et des hommes qui ne sont pas des super-héros, les caches dans les camions, la Gestapo, les interrogatoires féroces, mortels, la police française à la botte de Vichy qui sera tout juste épurée en 1945, les gendarmes par contre beaucoup plus proches des Résistants, les dénonciations, tout le côté noir de ce qu’a été l’Occupation. Il y a aussi la part de romanesque nécessaire et bien sentie car elle colle à l’époque, à l’action. Prochaine étape l’Angleterre où la France Libre forme ses agents.
Le Merlu, Tome 2, Les Routes du sang, Paquet, 15 €
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