Elle a été ce qu’on appelait un sexe-symbole mondial, terme qui de nos jours vaudrait à celui qui l’emploie d’être passé par les armes. Elle a été une grande vedette cantonnée dans des rôles indignes de son talent. Elle a été la proie des patrons de studios et, grande amoureuse, de quelques maris aigrefins ou violents. Jayne Mansfield a été un temps surnommée la nouvelle Marilyn. Elle avait un Q.I. phénoménal mais cela n’a pas suffit dans le monde sans pitié du cinéma. Avec Sweet Jayne Mansfield, Jean-Michel Dupont (Love in vain) trace un portrait juste, honnête et permet de remettre les pendules à l’heure. Victime, elle l’a été, sa mort comprise. Le toujours talentueux Roberto Baldazzini (Aura l’orpheline) réussit au dessin (clair, précis et affiné dans le détail) le tour de force de la faire évoluer avec tact et passion tout au long d’une carrière de star qui descendra lentement aux enfers. Un album qui est ni plus ni moins que le récit d’une tragédie hollywoodienne et la description du sort violent fait le plus souvent aux actrices encore aujourd’hui où vieillir pour elles signe leur sortie des écrans à quelques rares exceptions comme Meryl Streep.
Une petite fille qui adore son papa qui a la mauvaise idée de mourir très jeune. Une maman qui se remarie, Jayne est née en 1933. Elle veut petite fille être une star et ce n’est pas un caprice de gosse alors que les Alliés débarquent en Normandie. Sa mère se moque d’elle et Jayne devient une superbe jeune adolescente, joue du piano sans partition et attend son heure. Elle visite les studios d’Hollywood avec sa mère. Jayne est maintenant une ravissante jeune femme qui va être abusée par deux copains, se retrouve enceinte et se marie à 17 ans. Jayne a un Q.I. de 163, énorme. Son mari part faire la guerre en Corée et être une femme d’officier très peu pour elle. Direction la Californie, casting mais héritage familial. Jayne se transforme en apparence en femme fatale pour décrocher un rôle. Et ne néglige pas une liaison avec l’acteur Steve Cochran. Tout va aller ensuite très vite.
Même si Jayne avait la bretelle de son maillot de bain fragile, il n’empêche qu’elle va tourner La Blonde et moi après quelques petits titres mais ne sera pas dans La Fureur de vivre. Elle fait du théâtre, tombe amoureuse d’un pilote, de Monsieur Univers. Le succès va la submerger, a star is born. Elle sera comme le dit le scénariste la plus intelligente des blondes idiotes d’Hollywood, sa marque de fabrique. Un Kennedy par ci par là. Jayne ne sera pas la seule et puis tout va mal tourner. On sait que Roberto Baldazzini est le maître de l’érotisme italien en BD. Le sujet était fait pour lui et son hommage est tendre, déférent, pudique même. Jayne Mansfield a été prise au piège de sa beauté. Elle n’était ni Grace Kelly, ni Bette Davis. Elle aurait mérité mieux mais en a fait rêver plus d’un. Excellente préface de Jean-Pierre Dionnet et un art-book en fin d’album.
Sweet Jayne Mansfield, 1933-1967, Glénat 9 1/2, 22 €
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