Pas évident de lancer une nouvelle collection dont le thème est Les Grands Peintres. Si le monde entier connaît La Joconde ou Guernica, si on sait que Vinci et Picasso en ont été les maîtres, le plus souvent le public s’en tient à quelques informations éparses sans chercher plus loin. Glénat a donc voulu, avec intelligence et à-propos, proposer une nouvelle vision de ces grands noms de la peinture. Qui étaient-ils vraiment ? Des hommes comme les autres, des marginaux, des hommes de cour et de pouvoir, un mélange ?
Dix albums paraîtront chaque année. De Goya à Lautrec ou à Van Eyck qui ouvrent cette galerie des illustres, les récits auront pour cadre une fiction, un fait historique ou un scénario de polar. A chaque fois ce sera une œuvre majeure du peintre qui sera le prétexte mais sans pour autant tomber dans une biographie pure et dure. A la fin de chaque album qui offrira une histoire indépendante, huit pages reprendront en détail la vie et les œuvres du peintre, signées par Dimitri Joannidès, expert en art moderne et expert de Drouot.
Si on se plonge dans les trois premiers albums parus, c’est sûrement celui consacré à Toulouse-Lautrec qui brille par son originalité décalée. Roi du Moulin Rouge, Lautrec signe ses panneaux pour la baraque de La Goulue, la célèbre danseuse, et trempe dans une curieuse affaire d’enlèvement de jeunes femmes destinées à un mystérieux et dangereux personnage. Quand c’est la nièce du roi d’Angleterre qui est kidnappée, Scotland Yard vient aider la police française et Lautrec, flanqué d’Oscar Wilde et de La Goulue mènent l’enquête histoire de ne pas être inquiétés. Beaucoup d’humour, des dialogues à tiroir de Olivier Bleys qui scénarise plusieurs albums de la collection, un dessin très sympa de Yomgui Dumont, ce Lautrec est une belle réussite.
Plus noir par contre Le Goya. Pas vraiment rigolo avec son Saturne qui dévore l’un des ses enfants. En prime il cohabite avec la fille de son modèle, Rosario, qu’il est sourd comme un pot et angoissé chronique, Goya va pourtant se laisser séduire par la fraîcheur de la jeune fille. On assiste pas à pas à la verve créatrice de Goya, à ses doutes et à ses envies. Réaliste à l’extrême, Goya va peindre Saturne sous le choc de voir la jeune Rosario malade. Olivier Bleys est aussi au scénario avec cette fois Benjamin Bozonnet au dessin, volontairement haché et noir.
Reste enfin, le Jan van Eyck dessiné par Dominique Hé, au trait à la fois voluptueux et puissant des Mémoires d’un aventurier à Sophaletta ou Moonfleet. C’est Dimitri Joannidès, conseiller artistique de la collection, qui signe le scénario, histoire du Retable de l’agneau mystique que Jan van Eyck terminera après la mort de son frère, Hubert en 1426. Mais Jan van Eyck c’est aussi un diplomate chargé par le duc de Bourgogne d’aller négocier à Constantinople l’ouverture de comptoirs sur les rives de Méditerranée. Tueur, courtisane, manigances et complots, Van Eyck fera le choix du retour à la peinture après une dernière mission. Dominique Hé est la pierre angulaire de cet album qui en impose plus peut-être que l’intrigue même si elle est peu banale.
A venir Pieter Bruegel, Georges de la Tour, Léonard de Vinci, Hieronymus Bosch, Mondrian, Van Gogh et Gauguin.
Les Grands Peintres, Toulouse-Lautrec, Glénat, 14,50 €
Les Grands Peintres, Goya, Glénat, 14,50 €
Les Grands peintres, Jan van Eyck, Glénat, 14,50 €
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