Complètement atypique cette narration historique des origines de la guerre sino-japonaise et de la Bataille de Shanghai en 1937. L’auteur chinois Bo Lu, qui vit aujourd’hui en Suède, a consacré une année de travail à cette somme sans héros d’une rare précision dans les décors ou les uniformes, les matériels. Même si parfois le trait perd un peu de sa cohésion tant Bo Lu a voulu être rigoureux, sa bataille de Shanghai deviendra une référence aussi bien sur un plan documentaire que comme modèle graphique de la jeune BD chinoise.
Le Japon n’a qu’une ambition en ce début des années trente, soumettre l’Asie à ses visées expansionnistes. La Chine seule pouvait tenter de s’opposer à la conquête. Après plusieurs incidents, en 1937, la guerre éclate et Shanghai devient l’enjeu d’une lutte qui va faire des millions de mort au final. Pékin tombe avant la ville des concessions internationales. Tchang Kai Chek, général chinois, commande ses troupes face aux Japonais à l’armée mieux équipée et plus moderne. Pendant trois mois les combats vont faire rage et malgré une résistance héroïque les Chinois perdent la bataille. En décembre les Japonais à Nankin commettront des massacres sans nom. Pearl Harbor n’est plus très loin et le Japon martyrisera toute l’Asie du sud-est, des Philippines à la Malaisie ou l’Indochine française jusqu’en 1945.
Un très gros travail de documentation, un recensement exhaustif des évènements, des chefs des deux armées, du déroulement des combats, Bo Lu rend hommage à ses compatriotes en racontant ce tournant de l’influence japonaise qui aura pour conséquence la guerre américano-japonaise dans le Pacifique, Hiroshima et Nagasaki. On a finalement été très pudique sur les exactions japonaises. Mac Arthur et les Américains voulaient que le Japon se relève face au danger communiste en Chine et en Asie dès 1945. La bataille de Shanghai 1937 remet les pendules à l’heure avec, en prime, un ouvrage graphiquement très intéressant.
La Bataille de Shanghai 1937, Urban China, 15 €
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