François Dermaut, fidèle habitué du festival de Sérignan dans l’Hérault, est de retour avec un récit qu’il a décliné en diptyque. Il en a assuré dessin et scénario d’après un texte de Bernard Ollivier. Une farce au sens littéraire du terme, une savoureuse chronique sociale et villageoise dans la France de la fin du XIXe siècle. Rosa est une femme de cœur et de tête. Et si elle le peut, encore capable d’être amoureuse. Maupassant ou Pagnol ne sont pas loin du ton et de l’écriture de François Dermaut dont le dessin n’est plus à vanter, de Malefosse aux Carnets de Saint-Jacques, avec sa couleur directe au trait délicat et expressif.
Rosa est marié à Mathieu qui se meurt de tuberculose. Pas le grand amour entre les deux mais une vraie confiance et complicité. Rosa voudrait bien pouvoir faire soigner Mathieu dans un sanatorium mais sans argent impossible. Elle tient l’estaminet du petit village normand où ils vivent. Quand ses clients masculins se lancent un pari sur celui qui est le meilleur amant du coin, Rosa comprend qu’elle a peut-être ainsi la chance de trouver la somme nécessaire pour Mathieu. Sauf que dans les joueurs et parieurs, il y a un échantillonnage de redoutables personnages. Un amoureux transi, le maire, l’ambitieux politicard du coin, le forgeron, le faux-cul, le pique-assiette et les femmes du village qui vont haïr Rosa quand elle décide d’être celle qui va juger sur pièces les ardeurs de leurs hommes.
Le talent de Dermaut donne à Rosa son authenticité, sans voyeurisme, en toute simplicité et franchise. Fraîcheur même car ces personnages ne sont pas encore faussés par un monde qui pour eux se limite à un environnement proche, sans influences nocives. Hormis pour le politicien au faciès à la Daumier qui, lui, aimerait bien que Rosa porte un enfant de son fils. Une farce, une fable aussi, donc, enlevée, mais qui pourrait bien, allez savoir, prendre un tour dramatique dans le second tome.
Rosa, Tome 1, Le pari, Glénat, 14,50 €
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