Un nouveau cycle des aventures du plus désabusé des détectives aventuriers, Silas Corey revient emmené par ses deux pères, Fabien Nury au scénario et Pierre Alary au dessin. On avait été conquis par les deux premiers albums. Ce début, à l’aube de l’après Grande Guerre, est un petit bonheur d’ambiance, d’action. Une histoire d’héritier que Silas Corey va devoir aller résoudre en Allemagne, au moment où la révolution pointe son nez.

En ce 11 novembre 1918, il va encore y encore y avoir un mort, un détective privé qui laisse un dernier message à son ami, Silas Corey. Zarkoff, un nom que connaît bien Corey, celui d’un richissime marchand d’armes dont la veuve est mourante. Corey qui a un passif à son égard hait Madame Zarkoff qui va pourtant lui confier la mission de retrouver l’enfant qu’elle a eu avec un officier allemand bien avant la guerre. Son fils, Johann Zichler, a combattu mais a disparu en novembre 1918. Les responsables internationaux de la firme Zarkoff espèrent tous hériter de la succession et sont prêts à tout pour y arriver. Corey doit naviguer à vue dans un panier de crabes où il retrouve une vieille connaissance, Marthe Richer, qui travaille pour le 2ème Bureau français. Direction Berlin, Corey, sans son fidèle Nam blessé, part sur les traces de l’épouse171 de l’héritier Zarkoff.

Du très bon Nury, comme d’habitude, des dialogues secs, percutants, au mot près. Son Corey est un sentimental qui s’ignore, une tête de lard suicidaire, un mélange d’Arsène Lupin et de Sherlock Holmes, un dandy présomptueux, brillant et efficace. Fabien Nury a une parfaite maîtrise de son sujet. On le sent vivre par héros interposé le destin de Corey auquel Pierre Alary a su donner tout son relief, son regard noir et triste. Le couple Nury-Alary a façonné Corey et Nam qui se sont imposés parmi les meilleurs héros du 9e Art. A noter que Zarkoff, alias Basil Zaharoff qui a vraiment existé, apparaît brièvement sous le crayon d’Hergé dans Tintin et l’Oreille cassée.

Silas Corey, Tome 3, Le Testament Zarkoff, Glénat, 14,95 €