Comme au salon BD de Palavas en juin dernier, les auteurs de BD continuent leur combat pour lutter contre la paupérisation et pour sauver leurs droits à une juste retraite, sans qu’on leur impose unilatéralement des augmentations de tarifs. Cette fois c’est pendant le prochain festival d’Angoulême que les auteurs, à travers leurs syndicat, le SNAC BD ont décidé d’agir. Le syndicat a annoncé lors de la conférence de presse qui prépare Angoulême une action pendant le festival. Il demande à tous les auteurs volontaires d’arrêter leurs dédicaces pendant une heure et demie le samedi 31 janvier après-midi pendant la marche des auteurs.
Voici le texte du communiqué du SNAC BD :
Il y a six mois, à l’initiative du SNAC BD, 1200 auteurs de bande dessinée, dont près d’une vingtaine de Grands Prix du festival, inquiétés par la réforme brutale et soudaine de leur régime de retraite complémentaire obligatoire (RAAP) signaient une lettre ouverte à leur Ministre de tutelle afin que des concertations puissent s’ouvrir. Alors que de nombreux motifs d’inquiétude existent déjà sur l’avenir immédiat de leur profession (baisses des rémunérations, augmentation de la TVA sur les droits d’auteurs, projet nébuleux de réforme de leur régime de sécurité sociale, remise en cause du droit d’auteur à l’échelle européenne…), les auteurs, déjà dans un état de paupérisation croissante, se retrouveraient du jour au lendemain soumis à une cotisation équivalente à un mois de leurs revenus. Depuis cette lettre ouverte dans laquelle les auteurs envisageaient « l’organisation d’actions collectives et médiatiques de blocage ou d’opposition », et même si des discussions ont pu enfin s’engager avec le conseil d’administration du RAAP, force est de constater que celles-ci s’annoncent longues et difficiles. Nous voulons que le conseil d’administration du RAAP comprenne qu’il ne s’agit pas pour les auteurs de se contenter de quelques aménagements mineurs, mais de redéfinir les modalités en profondeur de cette réforme pour que les auteurs puissent continuer à exercer leur métier.
La retraite de demain ne peut pas être financée par la précarisation d’aujourd’hui. Nous voulons également que les différents acteurs du livre, éditeurs, libraires, diffuseurs, comprennent l’ampleur des enjeux pour tous. Il y a urgence à réinventer avec les auteurs ce que sera la Bande Dessinée de demain. Il y a aussi urgence à leur permettre, dès maintenant, de vivre décemment de leur création.
Enfin nous voulons que les pouvoirs publics français et les institutions européennes, que nous espérons
conscients de l’importance et de l’exceptionnel rayonnement culturel et économique de la bande dessinée, confortent par des engagements concrets ceux qui en sont à la source : les auteurs. Que ce soit avec leur lettre ouverte en juin dernier, lors du débrayage total au festival de Saint Malo en octobre, ou en se joignant aux auteurs du livre jeunesse à l’inauguration du Salon de Montreuil, les auteurs de bande dessinée, très mobilisés, ne cessent de montrer et de renforcer leur détermination. Ils se trouvent à la tête d’un mouvement dont l’ampleur gagne peu à peu tous les secteurs concernés par cette réforme.
Ce n’est qu’un commencement. Le Festival d’Angoulême, par son ampleur internationale est le principal relais médiatique dont peuvent bénéficier les auteurs pour faire entendre leur voix. C’est pourquoi nous appelons l’ensemble des auteurs ainsi que les lecteurs, souhaitant les soutenir, à se mobiliser et à nous rejoindre le samedi 31 Janvier 2015 pour une marche des auteurs, qui se veut une manifestation de soutien à la création. Le FIBD s’est d’ores et déjà engagé auprès des auteurs pour soutenir cette manifestation, nous ne doutons pas que les éditeurs et la mairie d’Angoulême, conscients des enjeux, feront de même. Ne l’oublions pas, la BD existe d’abords grâce aux auteurs. Sans auteurs plus d’histoires, plus d’images, plus de livres, plus de festivals.
Ligneclaire suit depuis le début le dossier et y reviendra régulièrement.
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