Librement adapté du roman de Stephen Crane, La Conquête du courage, Le Soldat est un authentique plaidoyer contre la guerre. Comment un jeune garçon, la peur au ventre, finit par devenir un héros, un meneur d’hommes ? Olivier Jouvray a passé au tamis le roman pour en garder la description du mécanisme qui transforme un homme en tueur de préférence en groupe. On est pendant la guerre de Sécession mais le portrait est intemporel. On pourrait être en 1914.
Henry et Wilson sont amis d’enfance. Henry a peur de ne pas se montrer courageux. Wilson est un bravache sous l’œil de Jim un vétéran qui sait qu’ils vont vers la mort. Dès le premier combat, Henry s’enfuit. Il croise Jim, blessé, qui meurt et dont le fantôme va le suivre pas à pas, ironique et méprisant, lui, expliquant qu’il est manipulé. Henry par un concours de circonstances devient un héros. Désormais il est en première ligne et est montré en exemple toujours suivi par le fantôme goguenard de Jim sur un champ de bataille peuplé de cadavres.
Il n’y a pas de gentils ou de méchants. Le courage, la peur, l’inconscience, la drogue des combats, l’émulation du groupe, tout est parfaitement décrit par Jouvray. Henry va aller au bout de son destin. C’est lui le trouillard qui finit par mener ses copains à la mort, complètement pris par le discours militaire qui l’imprègne. Une grande leçon que Efa dessine avec rigueur et réalisme. On avait aimé Alter Ego. Un album intelligent sur la guerre.
Le Soldat, Signé Le Lombard, 16,45 €
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