Un souvenir lointain, l’album de Franquin, La Mauvaise Tête au pied d’un arbre de Noël. On est à la fin des années cinquante. Jamais hormis peut-être La Griffe Noire d’Alix ou Un Prototype a disparu n’aura marqué autant la jeune conscience de ce lecteur assidu de BD à l’époque. Et voila que Niffle dans sa collection 50/60 ressort en version restaurée le chef d’œuvre de Franquin dont ne dit pas assez le côté angoissant, haletant basé sur un vol d’identité, celle de Fantasio, et pire l’amnésie de Spirou mal remis d’une chute. Regardez bien son regard quand on le soigne en clinique. Impressionnant, un polar noir mine de rien qui aurait pu mal tourner.
Fantasio va donc devenir un criminel malgré lui. On sait vite qu’un truand qui porte un masque lui fait porter le chapeau de ses méfaits. C’est Spirou qui remonte la piste sur un scénario subtil de Franquin. On passe sur la course cycliste qui reste l’un des grands moments du 9e art. Ou sur la tête géante de Fantasio gonflée au gaz accrochée au volet. Un véritable puzzle machiavélique, La Mauvaise Tête, que Hugues Dayez dans cette belle version en noir et blanc commente page à page, ajoute des anecdotes, dissèque le propos de Franquin, dévoile intentions et secrets de mise en page. On peut à la fois se plonger dans l’œuvre et, d’un coup d’œil, en bas de page lire les lignes de Dayez qui éclairent le dessin.
On relit avec bonheur La Mauvaise Tête. On y retrouve Zantafio, un Chinois au regard de tueur et un commissaire bougon digne du film Quai des Orfèvres. Même si on est en 1954 (l’album paraîtra plus tard), Franquin apporte à son œuvre une vraie modernité. Certaines scènes sont à classer au patrimoine de la BD. N’hésitez pas. Cette Mauvaise Tête est en plus un beau cadeau à offrir pour Noël.
Franquin, La Mauvaise tête, Niffle, 26 €
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