Didier Daeninckx est un poids-lourd du polar qui ne fait pas dans la dentelle. Côte justice pas nette, flic vicelard et politicien véreux, du beau monde. Dans La Chute d’un ange, Mako au dessin trace l’univers glauque de l’après-guerre où des gamins de l’assistance se font trucider.
En banlieue de Paris, en 1948, un gamin orphelin est retrouvé mort. Accident ? Ou meurtre car le corps porte des traces de coups. Le commissaire Paquet ne s’en émeut pas alors que son adjoint Ferdinand se pose des questions. C’est le troisième gamin retrouvé mort. Le commissaire est ami du patron de presse Philippe Crélard qui, lui aussi, est assassiné. Cela chauffe dans les instances du pouvoir. Indics, truands, Paquet active le milieu mais rien ne bouge. Seule la concierge de la victime a quelques détails dont le numéro d’un véhicule. En remuant la boue, Paquet découvre que Crélard n’a pas été très net sous l’occupation. Ce qui dérange. La piste mène à un artiste de music-hall, Kozor, dont l’arrestation arrange tout ce petit monde. Paquet n’a plus qu’a mettre en scène un coupable potable et tant pis pour ceux comme son adjoint qui ont un doute.
Sordide mais plausible ce petit arrangement entre amis avec victime désignée, un coupable innocent et dossier bouclé au mieux des intérêts du pouvoir. Daeninckx est un magicien de l’intrigue sans happy-end. Paquet ce n’est pas Maigret. Mako a parfaitement retranscrit les ambiances de Daeninckx avec qui il travaille depuis longtemps (Dernière station avant l’autoroute). Efficace ce polar.
La Chute d’un ange, Casterman, 15 €
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