On avait laissé l’inspecteur Louzeau, flic à la Mondaine, dans un abri, en avril 44, à Paris sous les bombes. Dans le tome 2, Zidrou et l’excellent Jordi Lafebre livrent le destin d’un homme qui aura été, comme des millions d’autres sous l’occupation, le jouet des évènements. Acteur innocent ou coupable sans scrupules ?
L’inspecteur Louzeau a de quoi avoir des états d’âme. Son père est un prêtre défroqué. Sa mère le couve. Il est amoureux d’une jeune femme qui joue les panthères et au passage entretient une relation avec une prostituée mère d’une petite fille. Et il est à la Mondaine sous les ordres d’un « patron » au grand cœur (ce qui le perdra en ces temps troublés) et fou de vélo. On est en pleine guerre. Paris est occupée et la police française en général sert d’auxiliaire aux « vert-de-gris ».
Quand sa mère « suicide » son père, Louzeau a des envies de mariage et propose à sa copine péripatéticienne de l’épouser. Elle refuse, la pauvre enfant, les larmes aux yeux. Erreur fatale quand on est juive et que la rafle du Vel d’hiv se prépare. La suite Louzeau la raconte à ses compagnons d’abri dont le plus étonnant est un officier allemand admirateur de Prévert.
Ce tome 2 est noir comme l’enfer, comme la période dans laquelle se débat l’inspecteur Louzeau, au demeurant un gentil lâche, un méchant d’occasion, un amoureux éperdu d’une petite Tahitienne, un enfant en mal de tendresse volée. Zidrou a bâti une histoire qui prend aux tripes, interpelle, apporte son lot d’émotion et de violence. Jordi Lafebre est un magicien virtuose du dessin au trait accentué sans être en rien caricatural. Le Catalan est une signature qui vaut le détour. Ce diptyque étonnant est une vraie réussite à tout niveau.
La Mondaine, Tome 2, Dargaud, 14,99 €
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