C’était pour le centenaire, celui du Tour de France en 2013. Joann Sfar était devenu chroniqueur du quotidien, le Blondin du XXIe siècle. Sfar à la radio (France Inter) sur le parcours de la grande boucle, avec ses angoisses, ses joies, ses découvertes, ses passions, son sens de la dérision et de l’illusion, du Sfar mais différent, investi dans une expérience nouvelle. À bicyclette regroupe dans un beau volume textes diffusés, dessins, illustrations et vues sur le Tour, son tour en France. Une lecture de saison, rafraîchissante après le très long hommage mystique au ballon rond que l’on vit encore.

De la Normandie en passant par Tours, Givors, le Ventoux obligé, les Alpes, la Corse, Aix, Montpellier pour repartir d’Albi, les Pyrénées, la Bretagne et l’arrivée sur les Champs, Sfar fait la boucle et la décrit, improvise, éditorialise. Quelle boucle ? Question importante après quelques planches qui plantent le décor. France Inter diffuse du Sfar en direct dans le texte en 2013. Il faut se plonger dans cette France certes profonde mais si authentique, celle des montées de cols et de la caravane publicitaire, des foules qui aspergent les coureurs et campent trois jours sur le passage avant deux minutes de bonheur, celle qui dit que c’était mieux avant le Tour en noir et blanc. Chapatte doit apprécier.

Sfar dit ce qu’il pense et bien. Joli coup d’œil sur ce couple en gare de Bordeaux, elle est noire et embrasse son amoureux. Sfar parle de l’homme providentiel, celui qui réveillera « mon pays, un bel endormi qui attend le baiser fraternel ». Quelques portraits dessinés de rois de la petite reine, Bobet, Anquetil. Il est émouvant Sfar, drôle et parfois disjoncté avec talent. Il pétille À bicyclette Joann Sfar. A déguster page à page tout l’été.

À bicyclette, un Tour en France, Gallimard/France Inter, 26,50 €