Emmanuel Moynot est un grand auteur. C’est avec Monsieur Khol que son nom, même si il avait signé pas mal d’albums avant, s’est définitivement imposé. On sait qu’il reprendra Nestor Burma et que son dernier album a été L’Homme qui assassinait sa vie d’après Vautrin. Le Temps des bombes date du début des années quatre-vingt-dix. Une intégrale des trois albums se refait une jeunesse méritée chez Casterman.
Augustin Fillon aurait pu se contenter de la vie d’un fils de bonne famille. Il s’enfuit de chez lui croyant avoir tué son père et végète à Paris. Il rencontre Lalie et se mêlé aux milieux anarchistes qui ne croient plus au socialisme. Augustin a du mal à se faire admettre et se lance dans des cambriolages avec ses amis pour trouver des fonds. Les choses vont mal tourner et la police est à leurs trousses. Le temps des bombes et des attentats est venu. Un procureur est tué. Augustin hérite de son père qu’il n’avait pas en fait tué mais le temps des illusions comme celui des bombes est fini.
Une chronique sincère du désespoir ouvrier à la fin du XIXe siècle qui donnera à l’anarchisme ses grands moments utopiques et finalement inutiles. Ni Dieu, ni maître, Augustin se bat mais s’engage dans un combat inégal et sans issue. Moynot est aussi un homme de combats, authentique. Le Temps des bombes se relie avec plaisir, passion et n’a pas pris de rides. Son dessin est déjà dans la ligne de Tardi. Reste que son Monsieur Khol est aussi à redécouvrir.
Le Temps des bombes, Casterman, 23 €
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