Centenaire du début de la Grande Guerre oblige, l’attentat contre l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo le 28 juin 1914 ne pouvait que motiver des auteurs à se pencher sur l’évènement. Mais c’est aux protagonistes, François-Ferdinand la victime pour l’une, Gavrilo Princip le meurtrier pour l’autre que sont consacrés deux nouveaux albums.
Dans François-Ferdinand, la mort vous attend à Sarajevo (Grand Angle), l’historien Jean-Yves Le Naour revient sur la vie de l’archiduc d’Autriche. Devenu par la force des choses héritier de la couronne de son oncle François-Joseph, il est tenu à l’écart par ce dernier. Marié par amour il est en conflit ouvert avec son oncle. Il accepte d’aller en inspection avec son épouse à Sarajevo. Les Balkans sont déjà une poudrière et plus particulièrement la Bosnie. En annonçant à l’avance son voyage l’archiduc permet aux terroristes serbes de se préparer. Guillaume II et François-Ferdinand se rencontreront avant le fatal déplacement et parlent des opérations futures contre la France et la Russie.
En réalité toutes les conditions sont en place pour que la guerre éclate et que, par le jeu des alliances, elle devienne au moins européenne. Sa mort sera plus le fait du hasard. Il échappe à une bombe pour ensuite repasser devant Gavrilo Princip qui le tuera avec sa femme. L’Histoire tient parfois à peu de choses. Le Naour (La Faute au Midi) a su montrer toute l’ambiguïté de François-Joseph qui ne pleurera pas la mort de son neveu qui au contraire lui rend service à plus d’un titre. Chandre a un dessin réaliste fidèle qui colle bien avec le récit. Un cahier historique termine parfaitement l’album en replaçant l’attentat dans le contexte politique mondial de l’époque.
François-Ferdinand, La mort vous attend à Sarajevo, Grand Angle, 13,90 €
Vient ensuite l’album Gavrilo Princip, l’homme qui changea le siècle (Futuropolis). C’est lui qui tirera sur François-Ferdinand et sa femme. Mais avant d’en arriver là, Henrik Rehr revient par le détail sur l’époque, la mort par suicide de Rudolph prince héritier qui vaut à François-Ferdinand de prendre sa place. Jeune Gavrilo Princip est bercé par les récits des combats des Serbes contre les Turcs. Gavrilo partira à la ville et se forgera une conscience politique auprès des indépendantistes qui veulent un pays des Slaves du Sud avec Belgrade comme capitale. Serbe de Bosnie, Gavrilo Princip va se battre contre le rattachement à l’Autriche de la Bosnie-Herzégovine. Malmené, blessé dans une manifestation, il rejoint une société secrète la Main Noire. Il a vingt ans et côtoie les milieux anarchistes. En parallèle François-Ferdinand doit aller inspecter les troupes à Sarajevo. Les deux destins vont se croiser. L’attentat dans lequel est impliqué comme acteur Princip échoue mais le convoi de l’archiduc recroise par hasard le chemin de Princip qui n’a qu’à tirer.
A noter que Princip qui avait moins de vingt ans ne pouvait être condamné à mort. Il sera emprisonné et mourra en 1918 de maladie. Même si le sujet est le même son traitement est différent dans le très complet ouvrage de Henrik Rehr, dessinateur danois. En noir et blanc, avec un trait à la plume qui rappelle Daumier, proche de l’illustration plus que de la BD, Rehr fouille son sujet, soutient sa thèse et raconte en fait le nationalisme yougoslave avec en conclusion le conflit de la fin des années quatre-vingt-dix. Princip dont on connaissait surtout le nom devient avec cet album un personnage dont on comprend les motivations.
Gavrilo Princip, l’homme qui changea le siècle, Futuropolis, 24 €
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