Quand il est apparu la première fois dans Spirou en 1955, accroché au destin désormais tragique de Tif et Tondu, Monsieur Choc a fait peur. Vraiment, car pour une fois, le mal, le méchant n’avait pas de visage, caché derrière son heaume de métal, serré dans son smoking. L’imaginaire pouvait faire le reste. Lady X au moins on savait qu’elle était dangereuse mais blonde et jolie. On ne dira jamais assez combien Choc a perturbé les jeunes sexagénaires d’aujourd’hui. En plus Choc était un empêcheur de tourner en rond et on ne saurait jamais qui il était, ce qui était agaçant. Désormais bas le masque. Au moins sur ses origines. Après Rosy et Will, Eric Maltaite, son fils, et Stéphane Colman ont repris le flambeau. Choc revient chez Dupuis et c’est un évènement incroyable. L’album est en vente depuis le 25 avril.
Monsieur Choc a été jeune. Son père a fait la guerre, enfin, on le croit pendant un temps. Choc serait anglais et sa mère française, petite fiancée du temps des tranchées qui ira s’installer en Angleterre. Eden, son fils, est un brave garçon. Ce sont ceux qui deviennent les pires méchants surtout quand on les traite comme des moins que rien, qu’on les méprise. Il va accumuler les frustrations le futur Monsieur Choc, génie du crime. Et les envies de vengeance, lui, le gamin injustement accusé de vol qui finit en maison de correction aux mains d’un gardien sadique.
Chic est de retour pour régler ses comptes et au passage voler une cargaison d’or. Il a une réputation à tenir. Sans états d’âme et en accumulant les cadavres. Bombes et victimes innocentes, Choc tue ou fait tuer malgré un flic, Harold, qui ne lui est pas inconnu. Il continue à penser à son enfance dans le manoir de Knightgrave où sa mère est servante. Eden va sympathiser avec le maître des lieux et provoquer la haine de son fils à son égard. Le destin d’Eden va basculer. Monsieur Choc se prépare.
On ne peut que saluer ce retour. Ambiance, décors, mystère, dialogues, aspect toujours terrifiant, Choc est pire, et de loin, qu’à ses débuts, époque oblige. En 1955, ce Choc là aurait eu du mal avec la censure. Colman lui a taillé un smoking à sa mesure, noir, glacé. Maltaite a le trait qui convient, capable à la fois d’établir le lien avec Choc à ses débuts mais surtout en le bonifiant ( si l’on peut dire), en le modernisant bien que l’action se déroule dans les années cinquante. A noter que les détails sont rigoureux et précis dans la reconstitution. Choc a toujours le même effet à ceci près qu’on en arriverait presque à comprendre sa fureur de vengeance. Pauvre Choc, il aurait pu être un citoyen bien tranquille. Au fait, pourquoi on l’appelle Monsieur Choc ?
Choc, Tome 1, Les Fantômes de Knightgrave, Dupuis, 16,50 €
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