Voila un album qui se démarque complètement – en bien – de la production classique. Jean Dytar dont c’est le second essai en BD a signé une œuvre particulière, ouverte sur la création artistique, sur ses tourments et sur ses chefs d’œuvre. La Vision de Bacchus est un roman chargé d’émotion et de talent qui donne à Dytar ses galons d’auteur à l’avenir plus que prometteur.
A Venise en 1510, le peintre Giorgione va mourir de la peste mais avant il veut tout donner de lui dans une œuvre ultime qui synthétise tout ce qui a ressenti d’artistique dans sa vie. Il s’en confie à son maître Bellini qui lui même se souvient d’Antonello de Messine a été son rival dans une démarche similaire. Antonello, reconnu comme portraitiste de l’âme, ayant mis au point un cabinet de travail révolutionnaire jouant sur la lumière est devenu célèbre. Antonello est pressenti comme peintre de cour par le duc de Milan. Bellini sait qu’Antonello le dépasse. Son fils va révéler ses secrets à Bellini alors qu’il réalise un portrait superbe d’une jeune femme dont il devient l’amant et qui tombe enceinte. Pourtant Antonello n’est pas satisfait. Lors d’une visite sur le port il voit une statue grecque qui lui apporte la solution. Beaucoup plus tard le fils qu’il a eu avec son modèle devient peintre et retrouve le tableau mythique.
Plus que la trame romanesque, c’est la démarche artistique, le secret du cheminement intellectuel du peintre qui retient tout l’intérêt. Dytar a su le restituer avec sincérité, précision et enthousiasme. On est aux côtés d’Antonello dont Dytar au trait clair et affirmé redonne vie. Le Renaissance italienne explose et s’exportera. Il faut aller à Florence aux Offices. Sinon cette Vison de Bacchus est déjà une première et belle approche.
La Vision de Bacchus, Delcourt, 16,95 €
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