Dernier opus. Manu Larcenet ferme le ban. Blast, le tome 4, vient apporter son lot de doutes, de tristesse et de violence au destin de Polza. On avait fini par s’en faire un compagnon de route de cet improbable énergumène. Point final et définitif.
Un interrogatoire, deux flics qui veulent savoir et même comprendre, c’est plus rare. Polza raconte sa vie, sa course éperdue, ses malheurs et ses rares bonheurs depuis. Sur des centaines de pages. Pas de temps mort. Il y a a trop à dire. Il fait froid quand Polza rencontre Roland, un vrai givré, mais qui le charme. Et Carole, la seule qui voudra de lui, l’énorme qui se bourre de barres chocolatées. Roland reluque les femmes et a un passé que Polza ne découvrira qu’un peu tard. Encore que lui aussi il y aurait à redire sur le sien de passé. Carole avoue. Polza se dévoile, se met à poil et les flics touchent au but.
Une infinie tristesse, un gouffre de peur, Manu Larcenet a écrit un opéra du désespoir. Opéra parce que le drame est terrible, bouleversant, et pourtant l’amour est inscrit au livret. Opéra parce que les actes vont crescendo et que le dernier ne peut être autre, d’Othello à Madame Buttefly. Larcenet observe au microscope l’esprit de Polza. Un risque à prendre, celui d’un psy qui pourrait être embarqué par son patient. Mélange des traits et des couleurs, des dessins d’enfants, terribles, des ombres et des contre-jours, une précision chirurgicale. Manu Larcenet dissèque et le vrai Polza apparaît. Impossible de sortir intact d’une telle balade, un très grand moment de littérature.
Blast, Tome 4, Pourvu que les bouddhistes se trompent, Dargaud, 22,90 €
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