On s’accroche aux bras du fauteuil. Ce nouveau Richard Corben, Ragemoor, a tout d’un grand moment de BD. Un château vivant qui grandit, tue, envoûte, il y a de quoi regarder d’un œil nouveau les donjons et ruines de notre doux pays.
Les Ragemoor habitent depuis des siècles une forteresse qui date des premiers temps. Les cultes païens puis chrétiens ont bâti peu à peu, à coup de sacrifices humains, un monde de pierre qui a une âme. Le vieux Ragemoor, son fils Herbert et son serviteur Bobrick habitent le château et se sont fait plus ou moins aux créatures maudites qu’ils côtoient. Le jour où débarquent l’oncle de Herbert flanqué d’une belle brune qu’il fait passer pour sa fille, tout dérape. Le château veut se débarrasser de l’intrus qui en revendique la propriété. Quand c’est fait, la fausse épouse, Anoria, devient folle mais Herbert en est amoureux fou. Il est prêt à tout, même à affronter le château. Il va trahir Ragemoor.
François Truchaud, on luit doit les éditions Néo où publiait Fajardie, a traduit cet album d’une rare force. Richard Corben au dessin et Jan Strnad emballent l’histoire, tirent les ficelles, en ajoutent des couches qui submergent le lecteur pour le meilleur. On reste interdit devant la démesure de ce Ragemoor qui mélange tous les genres. Horreur, gothique, fantastique, polar, Ragemoor est aussi un hommage indirect à Poe. Sombre, noir, ce drame est si exceptionnel dans son écriture et son dessin qu’on reste sous le charme terrifiant de Ragemoor.
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