Un récit pour le moins curieux, étonnant, voire volontairement ambigu, L’Homme de la situation oscille entre une réalité déguisée et une sorte de schizophrénie latente. Un instituteur se transforme en tuteur d’une famille pour le moins particulière qui peu à peu le vampirise. C’est au moins l’impression que l’on en a au fil des pages de ce bouquin qui embarque aux frontières de la raison, des angoisses qui nous minent. Lou Lubie en signe texte et dessin.
Manu voit un poste lui échapper dans son école primaire. Reconnu par tous il est sûr de lui pourtant il échoue, une autre prend sa place. Il pète un câble et prend des vacances. En rentrant chez lui il tombe sur deux gamins, des jumeaux en train de fumer. Leur grande sœur rejoint le groupe en poussant un fauteuil dans lequel il y a un autre de ses frères handicapés. Manu ne peut détacher ses pensées de la jeune fille, Rusine, qu’il rencontre à nouveau et lui apprend que sa famille tient un hôtel dans le coin. Comme elle ne fait que s’occuper de ses frères elle ne va plus au collège et ne sais pas lire. Manu lui propose de l’aider et tente aussi de renouer le contact avec son ex-compagne. Il est persuadé qu’elle est bipolaire. Manu finit par aller se présenter à la mère des enfants au Crystal Palace.
Manu concrétise-t-il ses angoisses ? Comment va-il les affronter ses démons ? En les matérialisant pour mieux les détruite ? Pas si évident car il se veut et se croit indispensable, homme fort, mais après 12son échec professionnel seuls les enfants du Palace lui rendent hommage. Qui sont-ils ? Un mystère dangereux. Il y a aussi dans le récit de Lou Lubie une vision sociale, humaine et psychologique car Manu a ses propres secrets, ses non-dits et ses risques de dérapage. Pris au piège par qui ? Par lui-même ? A découvrir absolument, pas à pas sur un trait assez souple et expressif sans surcharge inutile.
L’Homme de la situation, Dupuis, 19,95 €
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