Autant on connait bien ce qu’a été l’Occupation allemande en France, à Paris, ce qui est la moindre des choses par devoir de mémoire, autant on ne sait pas grand-chose de ce qu’elle a pu être dans des pays européens comme la Belgique. Avec Bruxelles 43 de Patrick Weber et Baudouin Deville, on va en découvrir les détails à travers leur héroïne Kathleen revenue du Congo après Sourire 58 qui découvre au grenier de bien curieuses BD anti-allemandes. C’est le point de départ, sur fond de ligne claire, d’un retour vers un passé encore proche en ce début des années 60 pour une Kathleen qui en trois albums est devenue notre guide pour mieux connaître l’Histoire contemporaine de la Belgique.
En 1943, Kathleen est une jeune ado dont la mère est vendeuse dans un grand magasin bruxellois. Son père, Fernand tient un kiosque à journaux alors que les bottes claquent sur les pavés. Leur ami Bob a dessiné des pages qui caricaturent Hitler et les nazis. Kathleen a une amie dont le père est rexiste, collaborateur pro-allemand. Bob est persuadé qu’on peur se battre avec des dessins, ne pas se réfugier derrière la prudence. En rentrant chez lui Bob est suivi par un homme qui est certain qu’il est un résistant. Les contrôles se multiplient ainsi que les arrestations des Juifs. Bob continue à tenter de placer ses dessins et en en parle à Yvon, un ami journaliste.
Rationnement, marché noir, tous les souvenirs vont ressortir pour Kathleen après la découverte de cette malle pleine de souvenirs, de séjour à la campagne chez les grands-parents. On va voir aussi Jacobs, Hergé (c’est un brin ambigu) faire de la figuration car la BD est aussi en toile de fond de cet album très humain. Degrelle et les SS belges, dénonciations, radio Belgique écoutée en cachette, bombardements meurtriers, déportation, il y a tous les drames d’une occupation à visages multiples, sans pitié. Plus la part romanesque nécessaire pour encore mieux adhérer au récit dramatique et ses traces indélébiles. Un scénario qui fonctionne parfaitement, action et grande histoire mêlées sur un dessin qui reconstitue à merveille ces temps douloureux en détails. A la fin de cet album émouvant un cahier historique illustré, Bruxelles très occupée est à lire absolument comme, aussi pour avoir une idée de l’Occupation en Hollande, deux albums qui se suivent Éclats et Cicatrices.
Bruxelles 43, Anspach éditions, 14,50 €
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