Qui ne connait Albert Einstein, sa théorie de la relativité, qu’il a finalement été à l’origine ou au moins de la décision mais pas seul de fabriquer la bombe atomique ? Mais qui sait qu’il était l’ami de Fritz Haber concepteur des gaz de combat ? François de Closets a travaillé avec Eric Corbeyran sur le scénario de ce diptyque important, nécessaire qui dévoile un à un tous les plis et replis d’esprits géniaux, parfois tourmentés, capable d’abandonner leur propre humanité au nom du patriotisme, ou de la peur justifiée du nazisme. Une page à la fois d’Histoire, de vision même intellectuelle, morale de ce que la science peut faire si ceux qui la maîtrisent la dévoient. Eric Chabbert est au dessin, réaliste, convaincant, sensible.
1912, à Berlin, Einstein et Fritz Haber sont dans une soirée qui doit permettre à ce dernier de rassembler des fonds pour son institut. Haber est un chimiste mondialement connu. Avec la formule d’Einstein E=MC2 on commence à penser qu’on pourrait fabriquer une arme terrifiante, la bombe atomique. Spéculations. Haber voudrait qu’Einstein allemand devenu suisse s’installe à Berlin. Grace aux nitrates et engrais Haber a bâti une fortune. Mais ce sont aussi des produits qui permettraient de fabriquer des gaz. Haber est juif. Einstein revient à Berlin. La guerre éclate et Haber va tout faire pour que l’Allemagne la gagne, avec la chimie comme arme qui va s’abattre sur les tranchées. Au prix du suicide de sa femme qui ne peut l’accepter.
Dans le tome 2, c’est Einstein qui est en première ligne. A Berlin en 1921, l’antisémitisme progresse. Einstein est pacifiste, socialiste. Célèbre, il part aux USA, revient en Allemagne. En 1930 les Nazis montent en puissance. Haber meurt en 1934 au moment même où il partait s’installer à Jérusalem. Face à Hitler, Einstein ne sait plus qu’elle attitude adopter. Il croit au réarmement malgré tout, seule façon d’écraser le fascisme. Les Allemands progressent sur la fission de l’uranium. En France ce sont les Curie qui comprennent le danger de la réaction en chaine. En 1939, les USA n’ont plus le choix et il faut un intermédiaire indiscutable pour alerter Roosevelt. Ce sera Einstein.
Haber a ajouté à l’horreur des charniers de 14, celle du gaz asphyxiant bientôt utilisé par les deux camps. Comme le dit De Closets, l’Allemagne n’a fait que devancer la France. Einstein a lui écrit au président des États-Unis pour qu’ils fabriquent la bombe atomique avant les Allemands qu’ils n’auraient sans doute jamais eu. Les USA s’en servent pour écraser le Japon, éviter une invasion qui aurait coûté un nombre de morts colossal pour le conquérir par des opérations au sol. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » a écrit Rabelais. Tout montre qu’il avait raison même si le débat, guerre des étoiles ou autre nanotechnologie, n’est par prêt de se refermer.
Les Guerres d’Albert Einstein, Tome 1, Robinson, 14,95 €
Les Guerres d’Albert Einstein, Tome 2, Robinson, 14,95 €
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