Avec Le Port des Marins Perdus, il y a quatre ans, le couple Teresa Radice et Stefano Turconi avait écrit, et dessiné, un ouvrage où tout se mêlait au plus juste. Ambitieux, envoûtant, pertinent, l’album allait les propulser vers une notoriété méritée. Des marins et des hommes, des femmes et la mer, ils ont décidé de revenir vers ce Plymouth du début du XIXe siècle qui avait si bien réussi à leur sens de la narration. Les Filles des Marins Perdus est un spin-off dans lequel on va retrouver des noms connus, en découvrir d’autres, beaucoup, dont justement toutes les belles d’une maison pas si close, le tout en couleur contrairement au Port car on parle de personnages vivants. Autant dire que ces Filles forment une belle cohorte de sentimentales dont les prénoms donnent leur noms aux deux chapitres de cet album, ce qui suppose qu’il y aura, on l’espère, une suite.
Il est très demandé le capitaine Allali et par l’Amirauté à Londres alors qu’il doit bientôt appareiller. Chez Pillar, on est en galante compagnie. Un bon géant Maori, manchot, y vend des objets traditionnels pour payer son retour chez lui, dont une tête réduite séchée. Tane va devenir le garde du corps et le videur de l’établissement. Il a été le guide d’un savant, Gordon Grax, sur son île. Revenu avec lui en Angleterre, Grax est mort en mer pendant le voyage. Onnamon, Joséphine, Lizzie, June, Amy la patronne travaillent dans un établissement des plus respectables. Le Pillar a une réputation à tenir et des idylles s’y nouent même si les jalousies ne manquent pas. Tane va leur raconter sa vie passée, ses origines et ses croyances.
Aventure d’abord, amour aussi, on est dans un réalisme qui laisse de côté le fantastique. Un roman qui fait la part belle à la tendresse, aux manigances aussi, à l’action qui se prépare. Dickens a rejoint Stevenson. On a revu Macleod mais quel plaisir de découvrir Jeremy Gray avec sa douce Lizzie. Et puis il y a la petite dernière à rejoindre la troupe, Tess, dont on aimerait bien savoir le destin. Une superbe fresque, pleine de vie, de belles images où une fois encore les deux auteurs ont su innover, charmer, séduire par leur talent. La BD parfaite.
Les Filles des marins perdus, Tome 1, Glénat Treize Étrange, 17 €
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