C’est le dernier des polars de Vian signé sous le pseudo de Vernon Sullivan adapté en BD après entre autres le classique sulfureux J’irai cracher sur vos tombes. Vian s’était pris à son propre piège car le succès arrivait là où il ne l’attendait pas, avec des romans de gare, noirs, érotiques, parfois ambigus. Elles ne se rendent pas compte est un morceau d’anthologie dans une époque où pourtant tout n’était pas bon à écrire. Homosexualité masculine ou féminine, travestis, humour glauque et cadavres, arnaque, une description remarquable des USA où il n’est jamais allé, Vian fait du Sullivan dans ces années 50, le quatrième roman sous ce pseudo et il y va sans la moindre arrière pensée, en rigolant presque bien que contraint. Patricio Angel Delpeche au dessin et Jean-David Morvan au scénario ont remis en course toute la modernité narrative de Vian largement en avance sur son temps.
Francis Beacon, fils à papa, se travestit en femme. Pas gay Francis mais bien décidé à semer le trouble et la panique dans un bal costumé chez sa copine Gaya. Son frère Ritchie n’est pas là. On prend Francis pour Florence Harman sauf que son frère est de la fête. Qui le présente à Johny-Florence habillée en homme à qui il plait beaucoup. Francis découvre que Gaya se drogue et finit la nuit avec Flo qui découvre qu’il est un homme. Gaya annonce qu’elle va se marier. Elle oublie son sac bourré de dollars dans la voiture de Francis qui planque l’argent. Sur le lac, avec son bateau il percute celui où est Gaya en train de se piquer et se retrouve attaché, torturé pour qu’il avoue où il a mis l’argent.
C’est difficile de résumer du Vian ou du Sullivan. Il faut suivre sans la moindre inattention car le récit n’admet pas les coupures. Francis Beacon est tordu, encore plus que ceux qui l’entourent. Il ne va pas faire dans la dentelle avec son frère. Les cadavres sont de la partie, le sexe aussi à plusieurs si possible et violent. Pas de pitié pour les canards boiteux et l’humour d’abord. Une sorte de Robin des Bois revenu de tout le héros et son fraternel. A découvrir car parfaitement adapté visuellement avec un dessin qui cogne.
Elles ne se rendent pas compte, Glénat, 19,50 €
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