Il est le missionnaire évangélisateur le plus cocasse, bon enfant, de toute l’histoire de la chrétienté et de la BD réunies. Ses aventures épiques, Odilon Verjus les doit à Yann pour l’écriture et à Laurent Verron pour le dessin. On avait découvert avec un vrai bonheur ce prêtre fort en gueule, pas toujours très catholique mais plein d’un humour picaresque qui, de la Papouasie au Vatican, Pigalle, la banquise ou Berlin, répandait la parole de Dieu et des tartes si besoin tout en accomplissant des missions pour la gloire du Seigneur. Une première intégrale joliment habillée vient de sortir. Elle s’ouvre par un dossier vivant et très documenté de l’excellent Patrick Gaumer. On sait que Yann a mélangé fiction et réalité au point que le compagnon de route d’Odilon, Laurent de Boismenu est inspiré par le pilote As de 14-18 le révérend Léon Bourjade de la SPA 152, prêtre pourfendeur de saucisses teutonnes mort en Papouasie justement. Sans oublier Joséphine Baker ou Adolf, Cocteau, Piaf et bien d’autres. Bienvenue dans un chemin de croix en 200 pages des quatre premiers albums que l’on retrouve avec un vif plaisir.
Il n’est plus seul chez les Papous. On lui a envoyé un novice, Laurent, ex-pilote de chasse devenu prêtre. Et il va se retrouver dans un environnement saugrenu. Toute une éducation à refaire avec en prime des malfaisants à la Blues Brothers qui recherche un avion dans lequel s’est écrasé un riche héritier et sa famille sans oublier une charmante délurée ethnologue. Direction Pigalle ensuite avec une mission de récupérations de reliques. On va croiser du monde, de Kiki de Montparnasse aux Pieds Nickelés devenus méchants truands, Piaf, Cocteau et des bouchers sanguinaires, Foujita aussi. Sur la banquise, là aussi Odilon et Laurent auront des tracas mais c’est Charcot qui les transporte. On convertit de l’Eskimo et on rencontre l’As allemand Udet avec Leni Riefensttahl. Qui seront aussi dans le dernier album, Adolf, à Berlin en 1932 au moment où les nazis prennent provisoirement une baffe.
Au total on se réjouit, on s’amuse, on sourit aux dialogues, aux ambiances et aux détails précis que Verron dessinent avec un talent évident. Des gags, des femmes et des hommes, curés ou pas, il y a dans Odilon Verjus un cocktail savoureux, intelligent. Cette intégrale a une belle livrée et pour ceux qui n’auraient pas eu le bonheur de déjà connaître ce facétieux Odilon, voilà une occasion en or de le rencontrer.
Odilon Verjus, intégrale, Tome 1, Le Lombard, 29 €
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