C’était un soir de novembre, le 22 exactement, un vendredi de 1963. Avec le décalage horaire il est environ 19h en France. Sur le petit écran comme on le surnomme à l’époque, en noir et blanc, Maurice Séveno qui présente le journal, ou a pris l’antenne plus tôt (difficile de se souvenir), annonce : « Le Président des États-Unis, John Kennedy est mort victime d’un attentat à Dallas ».
Quiconque a vécu cet instant est toujours capable aujourd’hui de se souvenir où il était et ce qu’il faisait à ce moment précis. Juré. Cinquante ans plus tard, un vendredi aussi, Dallas, une journée particulière (Casterman) reprend tous les instants de cette tragédie qui a marqué à jamais l’Histoire non seulement américaine mais de l’humanité. A cela deux raisons. La première, le personnage charismatique et pourtant, on le saura ensuite au fil des années, pas si simple, qu’est John Kennedy. Jeune, beau, adoré de beaucoup en particulier en Europe, sûrement réélu en 1964, il a Jackie avec lui après que le couple ait battu de l’aile. La seconde, jamais on ne saura la vérité, toute la vérité sur la mort de Kennedy, rapport Warren ou pas.
Combien de tireurs ?
Sur des illustrations de Christian de Metter, Patrick Jeudy, scénariste de l’album, réalisateur du documentaire du même nom qui l’a inspiré diffusé le 19 novembre, part sur cette option en donnant à Jackie le rôle à la fois de témoin direct de l’assassinat de son mari et celui de narrateur. Elle aura à affronter entre autres l’arrogance du nouveau président Lyndon Johnson, celui qui plongera les USA dans la guerre du Vietnam et dont on a dit qu’il n’était pas étranger au meurtre. Le destin de Jackie, dans son tailleur rose, bascule en une fraction de seconde, au moment où John Kennedy est touché par la balle mortelle, la troisième. Avec Jackie le garde du corps du Secret Service qui toute a vie s’en voudra de n’avoir pu sauver son patron. Personne ne l’aurait pu tant la police de Dallas avait négligé la sécurité.
Du 21 novembre au 25 novembre, date des obsèques de Kennedy (et d’Oswald), Christian de Metter illustre les textes courts, très journalistiques, radiophoniques, précis, bourré de faits de Patrick Jeudy. De Metter a travaillé comme un dessinateur de presse lors d’un procès. Les expressions, les ambiances, les couleurs rehaussées sont émouvantes et vraies. Jackie, Bob, Oswald, Ruby, Zapruder et son film, les témoins, tous sont présents et revivent dans cette journée si particulière parfaitement rendu par l’album. Sur la couverture, curieusement Jackie ressemble plus à la jeune Jacqueline Bouvier qu’épousera Kennedy qu’à la Jackie de Dallas. Un dernier point : et si Oswald avait bien été le seul tireur ? Pour ceux qui aiment Stephen King il faut lire son roman 22/11/63. Il y ouvre des pistes intéressantes sur le sujet.
Dallas, une journée particulière, Casterman, 20 €
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