Niklos Koda, magicien, espion, séducteur, est l’un des fleurons de la collection Troisième Vague au Lombard. Après quatre ans d’absence, Koda est de retour dans La Danse du Diable. Olivier Grenson dévoile comment, avec Jean Dufaux, ils ont fait évoluer leur personnage. Cet article a aussi paru dans le mensuel ZOO, signé par Jean-Laurent TRUC.
Olivier Grenson sera de passage à Paris le mercredi 20 novembre, pour une séance de dédicaces à la librairie BDNet Nation, de 16h à 19h.
Niklos Koda aurait pu voir ses aventures, qui ont débuté en 1999, s’arrêter brutalement. « On a réfléchi avec Jean Dufaux. On continuait ou pas. J’avais envie de faire autre chose, un album solo, faire une pause ». Olivier Grenson le dit très simplement. « Il fallait prendre du recul, réaborder l’univers de Koda, lui offrir un nouveau cycle ». Jean Dufaux voulait aller plus loin. « En dix albums, le potentiel accumulé était énorme. Jean pouvait exploiter de nouvelles pistes déjà suggérées ».
Grenson, après avoir de son côté publié La Femme accident et La Douceur de l’enfer, « a fait confiance à Jean Dufaux qui ne dit jamais tout sur l’histoire à ses dessinateurs. Jean n’écrit pas de synopsis. Il créé un univers global que l’on découvre peu à peu. Exemple, les cartes magiques des personnages de Koda Je ne savais pas qu’elles seraient reprises dans un livre ». Dufaux, c’est un autre grand magicien, qui joue avec les mots et les idées.
La décision a été rapide. Koda continuait mais vers des horizons plus noirs. Au départ, rappelle Olivier Grenson, « le rôle de la magie dans Koda était ludique. Jean en a fait une sorte de « coalition » entre magie et espionnage. Avec une part de fantastique que l’on retrouve dans toute son œuvre. Petit à petit, on sent que Koda est vraiment attiré par sa part d’ombre ». Magie blanche, magie noire ? « Le jeu des masques, des personnalités qui s’affrontent chez un même personnage, est récurrent chez Jean Dufaux ».
Séléni, la fille de Koda, pour la relève ?
Koda va devoir sur surpasser pour défendre sa femme et sa fille, Séléni. Une jeune fille qui prend une place de plus en plus importante. « Le côté un peu bellâtre de Koda bascule. Séléni découvre qu’elle a des pouvoirs très particuliers comme son père qu’elle va, à sa façon, protéger à son tour, sans états d’âmes. Koda est toujours au centre de l’action mais Séléni pourrait prendre de l’envergure ».
La Danse du diable ouvre un cycle de trois albums qui ont Shanghai pour cadre. Ensuite Grenson et Dufaux s’interrogent sur la prochaine saison. « Cela nous oblige à faire bouger les choses. Les lecteurs sont habitués aux mangas, à la TV, à la rapidité de parution. On doit surfer sur cette vague, se surpasser. Je suis déjà la page 30 du prochain album, le douzième ». Olivier Grenson le sait. Il l’a proposé à son éditeur. Koda aura désormais un délai de six mois entre chaque album. Un défi supplémentaire.
Alors, Koda est-il pris au piège ? On sait qu’il a lu des passages d’un ouvrage où magie et sorcellerie font cause commune, Le livre des plaintes et des pleurs, au cœur de l’intrigue. Dangereux car Koda se sert de pouvoirs qui sentent le soufre : « Jean sait le mettre dans des situations incroyables. Moi, ma part d’auteur, c’est de mettre en musique sa partition, avoir une bonne vision de la mise en scène ».
Une exposition sur les univers de Grenson
Pour l’anecdote, ce sont les femmes qui ont rapproché Dufaux et Grenson, « Jean aimait en particulier ma façon de les dessiner. Et Koda est une série où les femmes ont aujourd’hui un rôle important. On y exploite le jeu de la séduction ».
Olivier Grenson est totalement pris par Koda même si il avoue avoir d’autres projets en tête : « J’écris des scénarios et j’aime travailler en dehors de chez moi, en vacances. Je ne peux pas écrire pour un autre dessinateur ». Il a dans ses archives l’idée d’un conte pour enfants « un regard sur notre planète, philosophique et dans un univers imaginaire ». Et celle d’un amour idéal, impossible, d’adolescents dans un milieu rural. Il a aussi, en route, une exposition à Bruxelles sur ses univers au Centre belge de la BD, une rétrospective de ses albums jusqu’au 15 janvier 2014.
Niklos Koda a sa propre identité de héros hors normes. C’est ce qui fait sa force dans la collection Troisième Vague. En « réabordant » comme l’a dit Grenson le profil de Koda, ils lui offrent, avec Jean Dufaux, une évolution en forme de métamorphose.
Niklos Koda, Tome 11, La Danse du Diable, Le Lombard, 48 pages couleur, 12 €
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