A croire que parfois le hasard fait bien les choses. En sortant Philocomix 2 en plein déconfinement, c’est une bouffée d’oxygène, de raison garder salutaire à respirer bien fort pour nous tous, traumatisés viraux. Dix grands noms, dix philosophes à travers les siècles sont venus vous donner leur vision du bonheur, du vivre ensemble souriant sans se flanquer des tartes morales ou physiques toutes les cinq minutes à travers la figure. Aristote ouvre le bal, puis suivi par Hobbes, Spinoza, Diderot, Montesquieu, Tocqueville, Mill, Thoreau, Sartre. Du lourd. Dame Arendt en finale explique comment nourrir l’humanité de la grandeur de nos vies. Aux commandes, ou au moins aux manettes et crayons de ces démonstrations philosophiques souriantes, intelligentes et édifiantes, il y a Jérôme Vermer et Jean-Philippe Thivet au scénario, Anne-Lise Combeaud au dessin parfait pour le genre, enlevé et percutant. Un manuel de survie par les temps qui courent.
Des amis pour la vie dans une Grèce qui adore les conflits et n’a pas de tribunaux, Aristote va mettre un coup de pied dans la fourmilière. Il crée un lycée modèle et proclame que les Athéniens doivent faire évoluer leurs rapports. D’abord regarder les fourmis et leur organisation modèle et puis devenir aimable en reconnaissant leurs défauts. Faisons un rêve et imaginons que nous devenions des disciples de ce bon Aristote. Pas gagné dans notre monde d’individualisme forcené. Avec en prime un test à la fin du chapitre. On passe Hobbes, on survole Spinoza avec ses question sur la réalité de la liberté, vraie ou fausse. Peut-on critiquer la religion ? Au XVIIe siècle c’est dangereux; Aujourd’hui tout autant. Avec Diderot tous égaux pour être tous heureux. Là aussi, depuis le XVIIIe siècle ce n’est pas gagné. Mais l’Encyclopédie sera un tournant pour la diffusion du savoir, encore que se l’offrir à l’époque est réservé aux riches. Montesquieu est passionnant, annonciateur de la Révolution, les puissants qui étalent richesses volées, peuple qui en a ras le bol. Et boum direction la Bastille. On finira avec un drôle de numéro, la responsabilité de nos actes est pour Sartre, un contemporain étudié (et oui), inévitable. Impossible d’échapper aux faits ni à Sartre, ce qui est bien dommage.
Donc on en apprend de belles, on découvre avec Tocqueville et la création des USA, Mill, Thoreau, des pages où ce qui se conçoit bien s’énonce et se dessine clairement. Du visuel et le poids des mots justes, ce second tome de Philocomix se déguste, s’assimile. Bon pas gagné pour autant quand on remet aujourd’hui le nez dehors. Chassez le naturel il revient au galop, philo ou pas. Mais ça fait du bien quand même. Alors c’est le bonheur ou l’enfer les autres ? Ne soyons pas trop pessimistes. Faut voir mais …
Philocomix, Tome 2, Dix nouvelles approches du bonheur, Rue de Sèvres, 18 €
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