Il y en avait sept dans le monde antique. Les 7 Merveilles du monde ont aujourd’hui disparues sauf une, la Pyramide de Khéops. Leur souvenir reste ancré dans la mémoire collective. De là, pour Delcourt, à en faire un thème de série, il n‘y avait qu’un pas à franchir, en ajoutant à l’histoire de chaque monument une trame romanesque ou policière.
Le scénariste maître d’œuvre des 7 Merveilles est l’Italien Luca Blengino (Le Casse, Sept survivants, Gaïjin). Avec lui plusieurs dessinateurs signeront les albums dont Stefano Andreucci pour le premier, La Statue de Zeus. Des jardins suspendus de Babylone au phare d’Alexandrie ou à la statue de Zeus à Olympie, Luca Blengino devait plonger dans la grande Histoire antique. « L’Histoire me donne une sensation de vertige. C’est un abîme et une mine inépuisable de sujets, d’idées. Et quand on touche à l’Antiquité le jeu est encore plus prenant. On a moins d’infos et on est libre de laisser parler sa propre imagination ».
C’est vrai que la gigantesque statue de Zeus, or et ivoire plaquée sur bois, a de quoi faire rêver. Pour l’action, on est en pleins Jeux Olympiques, en 432 avant JC. Trois lutteurs vont s’affronter au Pancrace, des épreuves où tous les coups sont permis. Voir Astérix ! Mais leurs intérêts sont divergents. Familiaux pour l’un politiques et stratégiques pour les autres. En bonus il y a un secret caché quelque part sur la statue de Zeus par son sculpteur Phidias qui peut faire trembler Athènes.
Complot, intrigues, trahison, amour, La Statue de Zeus est dans la lignée du cahier des charges de la série. Luca Blengino a su doser le tout. « C’était assez naturel pour moi de mélanger grande Histoire et suspense. Il fallait trouver un angle intéressant. Pour les Jardins de Babylone je suis parti du point de vue d’un jardinier. Dans La Statue de Zeus, c’est un père qui recherche son fils. Pour Alexandrie, ce sera un mathématicien le fil rouge ». Légendes, mythes ou réalité ? Les Sept Merveilles, dont les six disparues, ont été plus ou moins décrites au fil des siècles. Il fallait arriver à recoller les morceaux pour construire des récits cohérents et combler les manques de documentation : « Je vous parlais d’imagination, de fantaisie. Il en fallait car je ne suis pas un historien et n’ai pas la prétention d’avoir écrit des récits historiques. J’ai fait de mon mieux pour que tout soit vraisemblable et qu’on retrouve des bases. Le manque d’informations m’a aussi permis d’imaginer librement que chaque merveille avait un secret ».
Les jardins de Babylone : l’art pour l’art
Au départ Blengino travaillait sur un scénario dont les Jardins de Babylone était le thème. Tout a commencé avec ces jardins qui, comme le précise Blengino, « n’ont peut-être pas existé. J’avais été séduit par le côté vivant des jardins loin des statues de pierre avec une ambition religieuse comme la statue de Zeus ou économique comme le Colosse de Rhodes. Les jardins ne devaient pas rappeler la gloire d’un souverain comme Khéops. Ils ont été conçus pour leur simple beauté. De l’art pour l’art ». Des jardins aux autres Merveilles, il n’y avait plus qu’un fil à tirer. Et si les Sept Merveilles n’avaient pas existé ? « Si l’on veut jouer avec l’uchronie comme je l’ai fait dans la série WW2.2, sans les Merveilles je crois que toute l’histoire de l’Antiquité aurait changé. Athènes sans la trahison de Phidias pour la statue de Zeus, Alexandrie sans son phare n’aurait pas été une puissance du bassin méditerranéen. Que serait devenue la dynastie des pharaons sans les pyramides ? ».
Après La Statue de Zeus qui sort en avril, le prochain album sera consacré aux jardins suspendus de Babylone avec Roberto Ali au dessin. Puis viendront Le Phare d’Alexandrie et Le Temple d’Artémis. Un album paraîtra tous les trois mois jusqu’à la fin de l’année. Les trois dernières Merveilles sont prévues en 2015, La Pyramide de Khéops, Le Colosse de Rhodes et Le Mausolée d’Halicarnasse.
La Statue de Zeus ouvre le bal. Le dessin de Stefano Andreucci est très réaliste, académique et convient parfaitement, sans bavures, à ce « péplum » grec. Blengino a bien monté l’intrigue de son scénario en dosant les ingrédients dont la manipulation à des fins politiques. Pour faire une pause, il s’est mis à un autre genre, la science-fiction, un hommage aux séries « mécha » (des robots géants) classiques de l’animation japonaise. Sortie prévue chez Delcourt en 2015.
Jean-Laurent TRUC
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