Max Cabanes est un fou de vélo, de la grande boucle, du Tour de France, évènement estival et ancré au fin fond des neurones de tout Français normalement constitué. Alors bien sûr, selon l’âge on a en mémoire les exploits de Copi, Bobet, Poulidor, Merckx, Anquetil ou Amstrong, vainqueur multiple, tricheur abonné. Aujourd’hui, c’est un Français, Alaphilippe, qui fait vibrer les foules. Le Tour, c’est une saga. Max Cabanes en a couvert un, crayon à dessin en main, celui de 1989. Il en avait fait un album écrit en 1989 chez Dargaud et illustré qu’il a revisité. Il a redécouvert ses carnets de notes, et c’est une édition définitive qu’il propose au moment même où le Tour 2019 traverse la France et se finira le 28 juillet à Paris sur les Champs, avec un maillot jaune qui n’aura rien à voir avec d’éphémères gilets ravageurs de la même couleur.
Cabanes, il écoutait le Tour à la radio. Il jouait avec ses petits cyclistes en plomb ou alu. Nostalgie quand tu nous rapproches. Il se fait embarquer dans le Tour 1989, le rêve est devenu réalité. Il va être un suiveur, vivre des aventures épiques, chercher une place dans ces voitures de la caravane qu’on regarde passer, envieux. Cabanes va rencontrer des personnages hauts en couleur, coureurs, accompagnateurs, dans la caravane publicitaire. Il note, décrit, dessine. Il y a aussi les journalistes TV de l’époque, Jean Mamère, Alain Vernon, Holtz, Drucker déjà et encore. Malheur à ceux qui osent évoquer le dopage. Jacques Chancel a aussi des états d’âme. Delgado, Hinault, Lemond, Kubler qui fait de la représentation, Cabanes les croque, les décrit, noircit des pages de carnets qui sont tout autant dans l’album des traces précieuses de ses émotions. Il faut se nourrir, ne pas louper le départ, tout un art d’être un suiveur du Tour.
Ce qui est merveilleux dans cet album à l’italienne, c’est sa verve, ses dialogues, ses textes. Les dessins de Cabanes sont des clichés pris sur le vif. On croise Poulidor qui raconte sa vie. On passe les cols mythiques, on y est avec Cabanes. Il y a même un certain Georges Frêche qui se cache courageusement dans le coffre d’une voiture juste avant Montpellier et Chancel qui prend un coup de poing à sa place. Une histoire de manifestants contre une décharge. Des anecdotes, il y en a à la pelle. Le rythme de ce Grand Tour est implacable. Cabanes en est un merveilleux chroniqueur inspiré, à l’image des grands comme Blondin. Un régal.
1989, le grand Tour, Aire Libre Dupuis, 26 €
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