Chez Adolf T3, guerre totale

La vie quotidienne en Allemagne, sous le nazisme auquel adhère pratiquement toute la population, c’est ce que raconte avec une authenticité bouleversante la série Chez Adolf. Adolf ce n’est pas le moustachu mais le bistrotier du coin et ses voisins, clients, ami que l’on suit déjà depuis trois tomes. On ferme de plus en plus les yeux mais la tempête arrive, les bombes tombent sur la ville et on passe ses nuits dans les abris, comme en Ukraine aujourd’hui, tout près de chez nous. L’Histoire est un piège car on dit qu’elle ne se répète pas. Pourtant dictateurs, extrêmes, crimes sont toujours là. Avec Adolf on passe au temps des restrictions, des homme en noir de la Gestapo, des défaites à l’Est, des camps. La peur désormais est allemande. Rodolphe en fait une description à la fois ordinaire et terrifiante car banale en réalité, incontournable et avec laquelle il faut vivre la guerre. Le dessin très documenté de Ramon Marcos est sans esbroufe, d’une réalisme écrasant.

1943

On chante Lili Marlene au coin de la rue. Karl le professeur bien tranquille passe entre les gouttes tout en en sachant déjà beaucoup. Adolf dans son bistrot est veuf. Il se pose de plus en plus de question sur l’ordre nazi. Karl n’est plus célibataire. Il a épousé la jeune et jolie Mona qu’il hébergeait avec sa mère, leur maison détruite par les bombes. A sa mort, Mona s’est rapproché de lui malgré l’âge. Karl Stieg a craqué. Les hommes jeunes sont au front, mort ou blessés. Au lycée on lui propose de prendre la direction. Le directeur a été tué pendant un raid. A la radio Goebbels confirme la chute de Stalingrad. En 1943, la guerre est totale avec son cortège de privations, de restrictions mais avec pour but la victoire finale. Tous les soirs les sirènes retentissent et les Lancaster anglais pilonnent la ville. Dans les abris, masques sur le visage les civils survivent et il faut ensuite déblayer les ruines pour chercher victimes et survivants.

Le pire est sûrement le mélange de braves gens et d’ordures malfaisantes, d’un régime accepté il faut le dire, souhaité qui va entraîner dans sa chute des millions de morts. Karl est le héros anonyme par excellence qui va être pris au piège à plus d’un titre car Rodolphe ménage le suspense tout en donnant toute son horreur banale à cette époque pas si lointaine. Chez Adolf se rapproche des romans de Kerr, intrigue policière en moins avec une belle palette de personnages. C’est un compliment. Il reste un tome qui sera sûrement le plus dur.

Chez Adolf, Tome 3, 1943, Delcourt, 14,95 €

Chez Adolf

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